
Résumé
Et si la réussite des enfants issus des classes moyennes ne reposait pas seulement sur un contexte socioculturel favorable, mais également sur des pratiques d’accompagnement valorisant le « goût de l’effort » ? La question reste néanmoins systématiquement éludée par les travaux de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, qui ont durablement associé la réussite des élèves « bien dotés » à une transmission par « osmose » du capital culturel parental. Plus qu’aux entraînements directs et aux pratiques explicitement tournées vers l’acquisition de savoirs, c’est aux activités culturelles distinctives (sportives, artistiques, musicales, etc.) que l’on attribue l’avantage de ces enfants. Or, cette enquête démontre que si ces pratiques extrascolaires sont bien investies afin de construire des dispositions et une « ouverture », les familles mettent aussi en œuvre des stratégies plus scolaires et interventionnistes qui viennent fortement nuancer l’idée de transmission par « osmose ».
Caractéristiques
Sommaire
Chapitre 1 – Présentation l’objet de recherche et de l’enquête
Les classes moyennes, une irréductible spécificité ?
Des formes de domination symbolique, qui ont des effets très pratiques
Eclairer les effets des différences « secondaires »
Présentation de l’enquête
Chapitre 2 – La répartition des ressources culturelles et temporelles au sein de la famille
Un volume « moyen » de capital, mais réparti avantageusement
Un capital culturel paternel important, des ressources maternelles plus limitées
Une organisation du temps professionnel articulée autour du suivi de la scolarité
Des ressources culturelles, mais un investissement temporel insuffisant
Faire carrière ou suivre la scolarité de sa fille ? Un choix maternel contraint
Chapitre 3 – Le rapport des parents avec l’institution scolaire : soumission, conflit, négociation stratégique
Une mère d’élève idéale
Une élève très demandée
Un rapport dominé à l’institution scolaire et une délégation à des professionnels relativement efficace
Ne pas se « mettre à dos » les « instits » : une mère très vigilante
Des parents d’élèves « non professionnels »
Un cas limite dans la recherche de l’épanouissement de l’enfant
Chapitre 4 – Mobilisation des compétences pédagogiques familiales et avantage scolaire des enfants de classes moyennes supérieures
Des parents « sans failles » qui apprécient des apprentissages « ludiques »
Construire avant tout l’autonomie des enfants
Des choix stratégiques
Des investissements à la fois économiques et culturels dans la scolarité
Un père désengagé, des ressources maternelles qui compensent
CHAPITRE 5 – Des familles « dépossédées »
L’exercice d’une domination symbolique sur les fractions dominées des classes populaires
Une élève courageuse, mais dyslexique
Un souci scolaire et des investissements décalés
Autour de l'auteur
Sandrine Garcia est sociologue, professeure en sciences de l’éducation à l’université de Bourgogne. Elle est notamment l’auteure de Mères sous influence. De la cause des femmes à la cause des enfants (La Découverte, 2011), d’À l’école des dyslexiques. Naturaliser ou combattre l’échec scolaire (La Découverte, 2013) et avec Anne-Claudine Oller : Réapprendre à lire. De la querelle des méthodes à l’action pédagogique ( Seuil, 2015).