Résumé
Le xvııe siècle est frappé par une « crise des réfugiés » sans précédent. Fuyant les persécutions et les politiques coercitives, des centaines de milliers de personnes prennent la route de l’exil : judéo-ibériques, vaudois, protestants français, wallons ou tchèques, cherchent une protection matérielle et juridique dans plusieurs pays d’Europe. Or, le droit d’asile était jusqu'alors seulement conçu comme une immunité accordée à des délinquants ou à des criminels. Comment en faire un droit pour les personnes innocentes ?
S’appuyant sur des sources en partie inédites, cet ouvrage, à la croisée de l’histoire du droit et de l’histoire des émotions, s’interroge sur cette mutation profonde du droit d’asile. Les fugitifs dispersés dans plusieurs pays d’Europe forgent un langage de l’exil et élaborent la figure compassionnelle du réfugié. C’est sur elle que les juristes s’appuient pour penser un « droit des exilés ». Ce droit de recevoir des personnes vulnérables, qui s’ébauche dans l’Allemagne protestante, ouvre un chapitre inédit et transnational du droit des gens.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Prologue : populations en fuite
Chapitre 1 : Passer la frontière : la naissance de l’exil
Chapitre 2 : une charité sélective
Chapitre 3 : Un droit caduc ? Le long déclin du droit d’asile médiéval
Chapitre 4 : La contestation de l’asile et sa reformulation par le jus gentium
Chapitre 5 : L’émergence du « droit des exilés » : l’exil à l’université
Chapitre 6 : Les suppliants : élaborer la figure de l’exilé
Chapitre 7 : Les sentiments du droit
Conclusion
Annexes
Bibliographie
Remerciements
Autour de l'auteur
Naïma Ghermani est professeure d’histoire moderne à l’université de Grenoble-Alpes. Elle est l'auteure, avec Caroline Michel d’Annoville, d'Image et Droit. Du ius imaginis au droit à l’image (Éditions de l’École française de Rome, 2022).