Résumé
Quel sens peut revêtir la prière dans un monde d’opulence et de bien-être matériel comme l’homme n’en a jamais connu ? En effet, quels sont les problèmes brûlants de l’homme occidental en ce début de XXIe siècle ? Comment lutter contre l’obésité dès le plus jeune âge ; comment assurer un confort de vie aux millions de centenaires qui apparaîtront sous vingt ans dans notre pays ; comment réduire le déficit d’une sécurité sociale qui n’en finit pas d’assurer notre bonne santé ; comment préserver son pré carré national face aux mouvements de populations dans un monde totalement ouvert…
Immergé dans ces besoins de luxe encore inimaginables voici à peine un siècle, comment l’homme moderne peut-il appréhender un mode d’expression, la prière, hérité – dans sa forme autant que dans son fond – de temps immémoriaux durant lesquels la vie humaine était faite de faim, de maladie, de mort précoce, d’intempéries, de violences, de migrations forcées et d’instabilité structurelle ? Pour le juif, cette vie n’a jamais cessé d’être aussi une vie de persécution, à des degrés variables selon les époques et les territoires sur lesquels il était balloté.
C’est une approche particulièrement originale de la prière et de son devenir que nous propose l’auteur. Il montre de quelle manière, d’un principe originel d’acte cultuel parmi d’autres, la prière va progressivement devenir le vecteur porteur du judaïsme, son sanctuaire virtuel, mobile, mais bien réel.
Au-delà de cette mutation émerge une tout autre identité de la prière, juive ou universelle. On découvre que la problématique de la prière est celle d’une parole à retrouver, à reconstruire en chaque époque, pour réparer et dépasser les vicissitudes de l’époque précédente. L’homme a reçu de son Créateur le don de la parole avec laquelle il a été créé. Elle est, en lui, le fil qui le relie aux origines de la Création. Elle est outil de création. Il lui appartient donc de retrouver la puissance créatrice de cette parole et de recréer le monde, son monde, tant de fois détruit, défait, désordonné. C’est là l’ultime enjeu de la prière, celui de la conquête de la parole créatrice.
Caractéristiques
Sommaire
Avant-propos
Introduction
Chapitre premier. — La « prière à naître », un rapport de proximité
La prière, outil du culte : dialogue de la conscience et expiation
La prière au cœur d’un monde pluridimensionnel
L’homme, médiateur entre Dieu et l’homme : de la proximité à Dieu, à la proximité à l’autre
Individuation archétypique de la prière : la prière de ‘Hanna
Lorsque Dieu se mêle de prière ou : la promesse de l’aube
Fondements précoces de la prière institutionnelle : conscience et remerciements
Chapitre II. — La « prière institution », parer au délitement de la souveraineté
La Grande Assemblée
Préparation à l’exil
La colonne vertébrale
L’absence d’auteurs individuels : naissance d’une nouvelle forme d’autorité
Ébauches de synagogues et bouleversements socio-cultuels
Un collectif en mutation
Désincarnation de la prière, première émergence de l’individu
Chapitre III. — La « prière rempart », un cadre salvateur
Transformation de la vie juive
D’une religion nationale à une religion nourrie de mots
Du tangible à l’abstrait : concurrence entre prière et étude
La synagogue : un nouveau lieu par excellence
Permutation entre la prophétie et la sagesse
La prière, des mots aux actes
Chapitre IV. — La « prière conquérante », cristal des identités
Naissance des rites
Consolider le monde de la prière
Les prières complémentaires
Les compositeurs
Les grandes ruptures de rites
Rigueur du rite, protection des identités
Chapitre V. — La « prière liberté », une spiritualité entre émotion et intellect
L’expérience émotionnelle et spirituelle de la prière
Des larmes en guise de prière
Liberté de l’émotion, rigueur de l’intellect ou : l’émancipation de la prière face à l’étude
L’avènement de la révolution ‘hassidique : la danse des lettres, l’autosuffisance de la mélodie
Les voies du Seigneur sont pénétrables
Chapitre VI. — La « prière chaos », révolte, renaissance et anarchie
Renaissance de la langue hébraïque
Des écoles de pensée à la prière politique
La « décolonisation » du monde religieux
Brassage contemporain des rites
Le village mondial de la prière
Autonomie des lettres, des mots et du sens
Désappropriation, réappropriation du monde des mots
Un remède à l’anarchie des valeurs ? L’outil des restructurations récurrentes
Conclusion
Bibliographie
Autour de l'auteur
Expert en économie et en banque internationales, en éthique et déontologie, ancien Secrétaire Général du Consistoire Israélite de Paris et d'Île de France, Hervé Landau est avant tout un talmudiste et un enseignant.
Treize ans d'études dans de prestigieuses écoles talmudiques en Suisse (Montreux) et en Israël (Jérusalem et Bné Brak) – parmi lesquelles la célèbre école de Slabodka – et auprès d’illustres maîtres juifs parmi les plus déterminants de l’époque – dont le Rav Adin Steinsaltz, traducteur contemporain du Talmud – lui ont permis de forger sa propre démarche d’enseignement et d’écriture sur le Talmud, la pensée et la tradition juives. Hervé Landau dirige la collection « Lectures du judaïsme » (collectionlecturesjudaisme@gmail.com).