Résumé
La contre-révolution paraît associée en France à la défense de l’absolutisme. Pourtant, à ses débuts, la plupart des premiers contre-révolutionnaires se sont opposés à la Révolution en se réclamant des doctrines d’opposition à la monarchie absolue d’Ancien Régime. Ces esprits ont même obtenu la convocation des États généraux. Mais ils ont très vite été dépassés par les événements et se sont retrouvés désignés comme des « aristocrates ». Ils n’ont pas pour autant renoncé à leur ambition d’établir en France une monarchie limitée. Et, s’ils restent attachés à « l’espace gothique » de la société d’ordres, certains se révèlent, comme Cazalès, très visionnaires sur les mécanismes du futur gouvernement parlementaire. La pensée et l’action de ces contre-révolutionnaires, généralement méconnus, mettent en lumière la complexité des premiers courants conservateurs en France. Elles témoignent d’une sensibilité « libérale » conservatrice qui ferait, comme en Angleterre, la transition entre Montesquieu et Burke. C’est à l’examen de ces défenseurs d’une monarchie limitée qui, par certains côtés, annonce certaines monarchies du XIXe siècle, notamment allemandes, que cette étude est consacrée. À travers un examen particulier des archives du Vatican, elle évoque aussi le rôle majeur que certains ont eu dans le schisme religieux de 1791.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Première partie. — Un projet de restauration constitutionnelle
Le mythe d'une antique constitution trahie
Le trône hors d'atteinte de la Constitution
Les principes du « constitutionnalisme » aristocrate
Deuxième partie. — Gouvernement « mixte » ou « monarchie limitée » ?
Les droits de la nation
L'organe législatif : États généraux ou Assemblée nationale ?
Le pouvoir du Roi
Une préfiguration de la monarchie limitée du XIXe siècle ?
Troisième partie. — La défense de l'« espace gothique »
Les bases de la société traditionnelle
La défense du « bloc aristocratique » : les corps intermédiaires
Quatrième partie. — Une doctrine catholique
Le gallicanisme aristocrate et la séparation du catholicisme et de l'État
Les aristocrates contre la Constitution civile du clergé
Les conséquences politiques de la question religieuse sur le groupe aristocrate en 1791
Conclusion
Index nominum
Autour de l'auteur
Jacques de Saint Victor est historien du droit. Professeur des Universités, il enseigne l’histoire de la pensée politique à l’Université de Paris VIII et est aussi professeur invité à l’Université de Rome III. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié, sur le XVIIIe siècle, Les racines de la liberté (Perrin, 2007). Il a aussi préfacé le Testament et Manifestes de Louis XVI (Équateurs, 2009).