Résumé
Doté d’une Constitution pacifiste qui lui interdit l’usage de la force armée, le Japon dispose paradoxalement d’un des budgets de la défense les plus importants du monde : est-il pour autant une puissance militaire ? Les « forces d’autodéfense » sont-elles une véritable armée ? Depuis le traité de sécurité nippo-américain de 1951, la politique de défense du Japon repose en partie sur les États-Unis : dans quelle mesure en est-il autonome ? L’alternance politique intervenue en septembre 2009, la deuxième depuis 1955, remet-elle en cause cette relation privilégiée avec l’allié américain ? Comment le Japon réagit-il face à la montée en puissance militaire de la Chine et aux programmes balistique et nucléaire de la Corée du Nord ? Peut-il se doter de l’arme nucléaire et a-t-il l’intention de le faire ? Dans la classe politique japonaise, les partisans d’une révision de la Constitution se font plus nombreux : quelles perspectives une telle révision ouvrirait-elle ?
Ce livre répond de manière précise à ces questions. La politique de défense du Japon évolue à petits pas, le gouvernement et l’administration entourant leurs réformes de multiples précautions qui constituent autant de subtils compromis. Cet ouvrage apporte un décryptage éclairant de ces évolutions, indispensable pour comprendre les enjeux de la sécurité en Asie orientale.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction. — Sortir de l’archipel
PREMIÈRE PARTIE. — CONSTITUTION ET ALLIANCE NIPPO-AMÉRICAINE : LES DEUX FACES DE LA POLITIQUE DE DÉFENSE JAPONAISE
Chapitre premier. Le pacifisme en vertu de la Constitution
Démocratisation et démilitarisation : le double mandat des forces d’occupation
L’interprétation de l’article 9
Le traité de sécurité, garantie et détournement de l’interdiction constitutionnelle
Chapitre II. Une politique de défense en dépit de la Constitution : l’internationalisation de la défense japonaise
L’implication du Japon dans le maintien de la sécurité régionale
L’assouplissement de l’interprétation constitutionnelle au fil des opérations extérieures
Chapitre III. Une évolution sous contraintes
Une Diète rétive : les limites de la contribution militaire du Japon
L’effet restreint de la « pression extérieure »
Secret-défense et état d’urgence : l’adaptation du système juridique à la coopération avec les États-Unis
SECONDE PARTIE. — LES ACTEURS DE LA POLITIQUE DE DÉFENSE ET LEURS AMBITIONS
Chapitre premier. Les équilibres institutionnels de la politique de défense
Les institutions politiques et administratives : rôles et responsabilités respectifs
Les institutions militaires : marginales ou cardinales ?
Chapitre II. La « normalisation » pour projet politique
Les dimensions du projet
Les projets de révision constitutionnelle
La normalisation institutionnelle
Chapitre III. La normalisation comme ambition internationale
La coopération internationale comme facteur d’intégration
La réforme de l’Organisation des Nations unies
Chapitre IV. Les menaces, vecteurs de la normalisation
Une rhétorique de la menace
Une dissuasion « à la japonaise »
Chapitre V. Les freins à la normalisation
La fibre pacifiste de l’opinion publique
Les contraintes financières
Conclusion. — La juste mesure
Bibliographie thématique indicative
Glossaire des noms propres
Index
Autour de l'auteur
Guibourg Delamotte est maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Docteur en études politiques (EHESS), elle est diplômée de l’IEP de Paris, des universités d’Oxford et Panthéon-Assas, ainsi que de l’Inalco. Sa thèse sur la politique de défense du Japon a été récompensée du prix Shibusawa-Claudel (2008). En 2010, elle a été chercheuse invitée au National Institute for Defense Studies (Japon).