Résumé
Auguste Comte, l’inventeur du « positivisme », n’est pas un philosophe positiviste des sciences comme les autres. L’importance qu’il accorde à l’histoire des sciences, sa critique de la « méthode » et du « psychologisme », son attention à la diversité et à l’irréductibilité des sciences, ses objectifs politiques annoncent bien plutôt une pensée « post-positiviste », illustrée par Georges Canguilhem ou Michel Foucault.
De même l’inspiration biologique et médicale du système comtien est particulièrement moderne. La biologie sert de modèle à la sociologie, avec les notions d’organisme et surtout de milieu. Avec la philosophie comtienne de la « médecine synthétique », le cerveau devient pour la première fois un objet philosophique à part entière. Et la politique de l’avenir est décrite comme une « biocratie », une politique de la vie et de la santé, que Comte résume en trois « utopies positives » : longévité indéfinie, « vaches carnivores » et « Vierge Mère », c’est-à-dire procréation artificielle.
Comte est enfin le fondateur d’une religion étrange, organisée autour d’un véritable culte des morts, censés « gouverner les vivants », qui inspira aussi bien Barrès que Houellebecq. L’un des trois aphorismes de cette religion, « ordre et progrès », figure toujours sur le drapeau brésilien. Les deux autres, « vivre pour autrui » et « vivre au grand jour », sont des impératifs aujourd’hui trop peu discutés.
Étudier ces aspects méconnus, et étonnamment contemporains, de l’œuvre d’Auguste Comte permet sans doute de mieux comprendre notre présent, et de le juger.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre premier. — Une philosophie des sciences post-positiviste
Système et systématisation
Diversité et hiérarchie des sciences
L'antipsychologisme
Chapitre II. — Sociologie et biologie
La sociologie « dans son contexte »
Le modèle biologique
Le concept de milieu
Chapitre III. — La philosophie de la médecine et du cerveau
La philosophie de la médecine
La philosophie du cerveau
Chapitre IV. — L'avenir humain
Les utopies biomédicales
La religion des morts-vivants
Conclusion
Annexes
Autour de l'auteur
Jean-François Braunstein est professeur de philosophie française contemporaine à l’Université Paris I - Panthéon-Sorbonne et secrétaire de l’Association internationale « La maison d’Auguste Comte ».