Résumé
La notion de caractère n’est pas un concept psychanalytique, mais elle est bien présente tout au long de l’œuvre freudienne et, en particulier, à des moments-clé de son élaboration. Il y a, dans le caractère, une dimension tragique. Ce n’est pas sans raison que l’humain tient à ses particularités caractérielles comme à la prunelle de ses yeux : elles sont une armure pour le moi tout en étant aussi son armature.
Avec le caractère, la pratique psychanalytique rencontre donc deux paradoxes. Le premier est qu’il ne saurait y avoir de psychanalyse sans une analyse du caractère entraînant sa modification, mais il est tout aussi indiscutable que celui-ci s’avère relativement non modifiable. Le second est que le caractère est une production hautement personnelle qui plonge ses racines dans le fonds impersonnel de la mémoire ancestrale : en lui, le plus singulier s’articule à l’appartenance à la communauté humaine.
Caractéristiques
Sommaire
I. Une notion, mais pas un concept psychanalytique
II. À propos de l’usage de la notion
III. Formation résiduelle, monument commémoratif, armure et/ou armature
IV. Notre démarche
V. 1900 : le caractère repose sur des traces mnésiques de nos impressions
VI. 1905, le caractère : sous-espèce de sublimation, formations réactionnelles
VII. 1908-1917, le caractère : résultat de la transposition pulsionnelle
a / Des résistances au changement induisent l’hypothèse d’une connexion entre un type de caractère et une certaine forme de l’érotisme
b / Dans les développements croisés et différenciés de la libido et du moi surviennent des moments propices à des formations psychopathologiques
c / Statut des altérations et modifications dans l’entrée dans la névrose
d / La phase narcissique, sa contribution à la formation du caractère
e / La phase prégénitale. La place essentielle de l’érotisme anal
VIII. 1911-1925, la place du caractère dans le moi comme instance
a / Le caractère au cœur de la résistance : passage de la méthode cathartique à la psychanalyse
b / La manifestation caractérielle : reproduction en acte de ce qui a été oublié par refoulement
c / Pour parvenir à sa fin, la psychanalyse ne peut pas éviter l’analyse du moi
d / Dès 1911, l’ensemble de la problématique à développer est présente
e / 1914, les conséquences de l’introduction du narcissisme
f / À propos d’un trait de caractère fort commun : l’hypocrisie culturelle des humains
IX. 1923, « Le moi et le ça » : l’instauration du caractère du moi
a / L’identification narcissique dans la mélancolie
b / L’évolution de la notion d’identification narcissique dans « Le moi et le ça »
c / Le surmoi comme identification aux parents du complexe d’Œdipe
d / Les traits de caractère : réactualisation de l’archaïque et de l’ancestral
e / Le caractère comme œuvre de la pulsion de mort et comme son allié dans le moi
X. Fin d’une étude qui s’avère sans fin
Bibliographie
Autour de l'auteur
François Villa est psychanalyste, membre et vice-président de l'Association Psychanalytique de France. Il est également professeur de psychologie clinique et de psychopathologie à l’UFR de Sciences humaines cliniques de l’Université Paris Diderot et membre du Centre de recherches « Psychanalyse et médecine ».