
Résumé
En 1894, la diphtérie est la première maladie infectieuse grave à être fréquemment vaincue, grâce à un médicament d’un type nouveau, le sérum antidiphtérique, entièrement conçu en laboratoire et non à l’hôpital. Il devient l’emblème de la médecine scientifique moderne. Le présent ouvrage retrace dans un premier temps l’histoire de la maladie et celle des différentes méthodes utilisées pour pallier ses effets, l’asphyxie due au croup en particulier. La mise au point du sérum antidiphtérique est ici replacée dans le contexte des relations scientifiques franco-allemandes, moins hostiles qu’on ne l’aurait supposé, voire amicales.
L’ouvrage examine ensuite les conditions qui permettent à l’Institut Pasteur de transformer les résultats positifs d’un essai clinique en la construction d’un monopole de fait sur la production de sérum et le contrôle de sa qualité. L’ensemble pose les bases d’un établissement industriel de plus en plus performant et le succès financier qui accompagne la production permet la construction de l’hôpital de l’Institut Pasteur et celle de laboratoires de chimie, puis, au début du XXe siècle, la structuration d’un campus intégré dans lequel les produits pharmaceutiques fabriqués dans les laboratoires peuvent être testés à l’hôpital. Cette réussite qui a servi de modèle dans plusieurs pays a fondé la place originale de l’Institut Pasteur dans la santé publique en France.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
1. LA DÉFAITE DE LA DIPHTÉRIE
Du signe clinique aux traitements symptomatiques
La diphtérie, la microbiologie et l’hygiéniste
L’irruption de la sérothérapie
Répondre à l’urgence de la demande médicale
2. L’EXPANSION INDUSTRIELLE DE L’INSTITUT PASTEUR
Un instrument de mesure original : le cobaye
Pourquoi les chevaux et les cobayes doivent-ils cohabiter ?
L’ergonomie poussée des installations de Garches
La modernisation tardive des installations techniques
La guerre contraint à une véritable industrialisation du site
3. CHANGEMENTS DE PARADIGMES ET DE PRATIQUES À L’INSTITUT PASTEUR
Un tout premier exemple d’une science en réseau
L’abandon de l’atténuation physiologique de la virulence
Les deux paradigmes de la défense contre l’infection
4. UN CHANGEMENT D’ÉTAT DE LA MEDECINE
La sérothérapie, modèle d’une nouvelle pratique médicale
Le surgissement d’un nouveau champ épistémique
Le sérum : un médicament d’un type entièrement nouveau
L’introduction de normes de qualité
Le premier véritable essai clinique d’un médicament
5. L’INSTITUT PASTEUR, ACTEUR MAJEUR DE LA SANTÉ PUBLIQUE EN FRANCE
La construction du droit de regard pasteurien sur la santé publique en France
Une politique de communication efficace
Un contrôle de qualité défini par le producteur lui-même
La marginalisation de la production de sérum en dehors de l’Institut Pasteur
6. L’INSTITUT PASTEUR, « MODÈLE FRANÇAIS » DE LA LUTTE CONTRE LES MALADIES INFECTIEUSES
L’enseignement pasteurien, porte parole du savoir faire français
Un modèle transposable : l’exportation au Brésil de la production de sérum
Une autre exemplarité pasteurienne : l’hôpital idéal de l’Institut Pasteur
7. LE SUCCÈS DU PROJET D’ENTREPRISE DU Dr ROUX
Annexe : historique du domaine de Villeneuve
Autour de l'auteur
Gabriel Gachelin, docteur ès sciences, biologiste et historien des sciences, ancien chef de service à l’Institut Pasteur dans le département d’immunologie, est chercheur associé à l’UMR 7219 (CNRS/Paris 7, histoire et philosophie des sciences).
Yves Bottineau-Fuchs est co-directeur du master Ville, architecture et patrimoine avec Jean-Pierre Vallat à Paris 7 et dispense un enseignement de l’histoire de l’architecture du Moyen Âge et de la Renaissance et de l’histoire de la notion de patrimoine.
Patrice Bourdelais est docteur d’État ès lettres, historien et démographe. Il a codirigé le Centre de recherches historiques (EHESS/CNRS) de 1987 à 1993. Spécialiste de l’hygiène publique, il a participé au lancement du réseau thématique européen Phoenix, sur la santé et le bien-être.
Annick Opinel, ancienne directrice du Centre de recherches historiques de l’Institut Pasteur, est chercheur dans le département d’épidémiologie de l’Institut Pasteur. Ses domaines de recherche sont l’histoire des maladies parasitaires et infectieuses et la sociologie des attitudes devant les pratiques médicales.
Philippe Rivoirard, architecte du patrimoine, enseigne à l’université de Paris 7 dans le master Ville, architecture et patrimoine. Il a en charge plusieurs chantiers de restauration de monuments anciens.