Résumé
La modernité politique consiste essentiellement dans la séparation entre l'Etat et la société civile, entre la sphère publique et le domaine privé. Elle résulte d'un long processus historique qui conduit de l'Etat ancien à l'Etat moderne devenu distinct et séparé de la société. Elle n'apparaît qu'à la fin du XVIIIe siècle, presque simultanément aux Etats-Unis et en France. Elle se répand ensuite progressivement en Europe où elle trouve ses théoriciens et ses critiques. Mais elle se heurte aussi à de sérieux obstacles, notamment le fait national, les divers totalitarismes et l'intégrisme religieux.
Malgré les apparences, elle n'est pas encore réalisée complètement dans de nombreux pays dont l'évolution politique est entravée et inachevée. En revanche on assiste actuellement à son dépassement dans la plupart des pays occidentaux, y compris la France, en raison des transformations de l'Etat et de ses rapports avec la société.
Ainsi l'étude de la modernité politique n'a pas seulement un intérêt historique et théorique, mais elle est de nature à éclairer maintes situations contemporaines et à inspirer des attitudes et des pratiques politiques appropriées.
Texte de couverture
On trouvera dans ce livre une définition très précise de la modernité politique. Le critère fondamental de l'auteur est la séparation entre l'Etat politique et la société civile. ... Elle autorise une appréciation nuancée des processus d'appropriation de la modernité politique dans les parties non occidentales du monde. Elle fournit les bases d'une interrogation argumentée sur le dépassement de la modernité peut être d'ores et déjà engagé : M. Barbier en voit le laboratoire dans la construction européenne. On peut discuter et on ne manquera pas de discuter le concept de la modernité politique proposé par M. Barbier et les applications qu'il en tire. On ne pourra pas lui contester la loyauté de sa démarche et sa fermeté de pensée. Il aura rendu à tous le service de lui donner la forme d'un débat construit.
Extrait de la préface
Caractéristiques
Sommaire
Préface de Marcel Gauchet, ix
INTRODUCTION,
PREMIÈRE PARTIE
L’ABSENCE DE LA MODERNITÉ POLITIQUE
CHAPITRE PREMIER. La cité antique
I / La primauté de la cité sur l’individu
II / La confrontation entre l’individu et la cité : la tentative de Socrate
CHAPITRE II. Le christianisme et l’individualisme
I / Le christianisme, religion de l’individu
II / La thèse de l’origine chrétienne de l’individualisme
III / L’absence de lien entre christianisme et individualisme
Chapitre III. La communauté et l’individu au Moyen Âge
I / Les premiers signes de l’individualisme
II / L’appartenance de l’individu à la communauté
III / La primauté de l’État sur l’individu
Chapitre IV. La Réforme protestante, l’individualisme et la modernité
I / Le protestantisme et la formation de la modernité
II / Le calvinisme et l’apparition de l’individualisme
III / Le pluralisme religieux et la modernité politique
IV / Le lien entre protestantisme et république
CHAPITRE V. Hobbes, théoricien de l’État ancien
I / La constitution de la république
1. Le transfert des droits individuels
2. Les conséquences du transfert
II / La condition des sujets
1. La liberté limitée des individus
2. Le statut de la propriété et de la religion
CHAPITRE VI. Rousseau et le retour à la cité antique
I / Le contrat social et la formation de l’État
II / Les conséquences du contrat social
III / Les limites du contrat social
IV / La référence à la cité antique
DEUXIÈME PARTIE
LA MARCHE DE LA MODERNITÉ POLITIQUE
CHAPITRE PREMIER. Les précurseurs de la modernité politique : Spinoza, Locke et Montesquieu
I / Spinoza et la liberté de penser
II / Locke et l’affirmation du domaine privé
III / Montesquieu et la liberté politique
CHAPITRE II. L’apparition de la modernité politique aux États-Unis et en France
I / Les États-Unis et la modernité politique
II / La France et la modernité politique
1. La naissance de la modernité politique
2. Les difficultés rencontrées
CHAPITRE III. De la théorie à la critique de la modernité politique
I / Constant, théoricien de l’État moderne
II / Les réserves de Tocqueville à l’égard de l’État moderne
III / Marx et la critique de l’État moderne
1. L’État ancien et l’État moderne
2. La formation de l’État moderne
3. Le rejet de l’État moderne
CHAPITRE IV. La modernité politique et le problème de la nation
I / La nation ethno-culturelle et le rejet de la modernité politique
1. Les conceptions de Herder et de Fichte
2. Les théories de Renner et de Bauer
3. Le nationalisme français : de Barrès au Front national
II / La nation politique et la réalisation de la modernité politique
1. L’influence de Rousseau
2. Sieyès et la conception politique de la nation
3. Renan et la nouvelle conception de la nation
Chapitre V. Le totalitarisme et le rejet de la modernité politique
I / Le fascisme italien et les autres
II / Le national-socialisme allemand
III / Le communisme soviétique et chinois
Chapitre VI. Les insuffisances de la modernité politique
I / Les diverses situations face à la modernité politique
II / Le caractère juif d’Israël
III / Les blocages de la Turquie
IV / La complexité de l’Inde
V / Le paradoxe du Japon
Chapitre VII. L’islam et la modernité politique
I / L’absence de la modernité politique dans le monde musulman
II / L’opposition entre l’islamisme et la modernité politique
1. L’absence de la modernité politique et l’islamisme
2. L’islamisme et le refus de la modernité politique
CONCLUSION. Le dépassement de la modernité politique
I / Les conditions et la nature du dépassement
II / Les manifestations du dépassement
II
Autour de l'auteur
Maurice BARBIER est maître de conférences en science politique à l'Université de Nancy II, directeur de l'Institut de préparartion à l'administration générale. Il est auteur de plusieurs ouvrages sur l'histoire de la pensée politique.
Préface de Marcel GAUCHET