
Résumé
La guerre peut-elle être un objet de la philosophie ?
Si la réalité guerrière obsède les philosophes, elle leur oppose néanmoins une résistance permanente. En parcourant les représentations de la guerre produites de Platon à Clausewitz, et en mettant à nu les stratégies constantes et les impensés qui les sous-tendent, on constate que le philosophe n’a cessé de manquer un enjeu guerrier qu’il ne peut toucher qu’en le neutralisant. Quelques figures à la fois persistantes et exclues de ces philosophies de la guerre – l’esclave, le pirate, le colonisé… – , de même que des pratiques philosophiques restées plus marginales – la pensée romaine, le matérialisme machiavélien, la déconstruction… –, permettent cependant de bousculer ce discours neutralisant et, ce faisant, de révéler une certaine compromission de la philosophie dans la guerre.
Thomas Berns est professeur de philosophie politique à l’Université de Bruxelles. Spécialiste de la Renaissance et philosophe du politique, du droit et des normes, il est notamment l’auteur aux Puf de Gouverner sans gouverner. Une archéologie politique de la statistique (2009).
Caractéristiques
Sommaire
Introduction – La guerre n’est pas une métaphore
PREMIÈRE PARTIE – Les leçons des guerres anciennes
Chapitre I – L’extériorité de la guerre grecque, Aristote et les historiens grecs
Chapitre II – La guerre romaine : droit et expansion
Dire la guerre sous la forme du droit : du serment et des pirates
La lecture arendtienne de la guerre romaine
Chapitre III – La guerre pacifique des chrétiens
Chapitre IV – Les restes de la guerre : esclaves, barbares, femmes, pirates et dieux
DEUXIÈME PARTIE – L’exception machiavélienne : du caractère expansif de la liberté
TROISIÈME PARTIE – Les leçons du droit des gens moderne
Chapitre I – De Vitoria à Grotius : transitions vers la modernité
Chapitre II – Les guerres de Hobbes
Penser la guerre de manière analogique
Guerre – individus – États : l’exclusion de la libertas
La « quasi-économie » des lois de l’honneur comme ébauche du droit de la guerre ?
Chapitre III – Étatisation et juridicisation de la guerre
Chapitre IV – Le doux commerce
QUATRIÈME PARTIE – Le cosmopolitisme kantien
Chapitre I – L’accomplissement kantien du droit des gens moderne
Chapitre II – Vers la paix perpétuelle
Chapitre III – Publicité versus secret
Chapitre IV – Le secret du philosophe
Chapitre V – Commerce et République des Lettres : une cosmopolitique insensible et non politique
CINQUIÈME PARTIE – Déviations clauzewitziennes
Chapitre I – Guerre et politique : Clausewitz et Hegel
Chapitre II – Politiques guerrières et totalisation de la guerre
Chapitre III – La guerre comme expérience intérieure : de Jünger à Bataille
Chapitre IV – La guerre comme possibilité, de Schmitt à Derrida : déchaînement, glissando et hyperbole
Conclusion – Penser dans la grisaille
Bibliographie
Index des noms
Remerciements