Résumé
Quelles sont les frontières entre économies légale et criminelle ? Quels sont les territoires de la criminalité ? Comment évoluent-ils dans un contexte mondial de massifi-cation des flux de marchandises, d’hommes et de capitaux ? Peut-on lutter contre le trafic de stupéfiants tout en intégrant sa valeur ajoutée dans le Produit intérieur brut ? Les politiques de prohibition doivent-elles être évaluées à la seule aune d’une analyse coûts-bénéfices ?
Oligarques russes, économie au noir, entreprises mafieuses, corruption et criminalité en col blanc : cet ouvrage dévoile les facettes les plus sombres de l’économie mondialisée, et révèle combien les sphères légale et illégale sont poreuses mais aussi à quel point le discours économique dominant, axé sur la toute-puissance du marché, banalise, voire favorise le développement des pratiques criminelles.
Caractéristiques
Sommaire
Préface, par Antoine Garapon
Introduction
Chapitre 1 – Économie légale, illégale, criminelle : quelles frontières ?
Le monde irénique de la science économique
Le marché, ordre naturel incontestable et incontesté
Comment le marché transforme la rareté en harmonie
Quand le droit s’efface devant l’économie marchande
Le retour de Machiavel
Les interdits législatifs et la prohibition
Upperworld et underworld
Relativité de la loi, fluctuation de la frontière
Les termes du débat : de la prohibition à la libéralisation
Les règles d’enregistrement comptable et la « valeur ajoutée grise »
N’y a-t-il de richesse que légale ?
Une croissance économique dopée par l’illégalité
Quand l’économie se teinte de gris
Chapitre 2 – L’économie des marchés illégaux
Gary Becker et la naissance de l’économie du crime
Quand une anecdote se prétend théorie
Quand la théorie prime sur l’objet d’étude
Individualisme économique versus criminalité organisée
Thomas Schelling, de l’individu criminel au marché illégal
Quand c’est aux faits de cadrer avec la théorie
L’obnubilation pour le trafic de drogues
Évaluation économique de la législation et banalisation du crime
Pour ou contre la prohibition ?
De l’existence d’un « niveau naturel de crime »
Sortir de l’analyse standard pour comprendre l’économie illégale
Quelques grandes tendances de l’économie illégale
Bref panorama des cinq principaux marchés illégaux
Pluriactivité et convergence criminelles
Sortir du manichéisme : les marchés gris
Chapitre 3 – La déviance entrepreneuriale
Pas de grand enrichissement sans transgression ?
Usure et grandes dynasties marchandes au Moyen Âge
L’industrialisation des États-Unis : capitaines d’industrie ou barons voleurs ?
Puissance et disgrâce des oligarques russes
Entrepreneurs corrupteurs et corrompus
Entreprises et corruption, une déviance liée au secteur public ?
Non, la corruption n’est pas l’apanage du secteur public
L’informel : une volonté de se soustraire aux règles du bien commun
La corruption comme système et le business des intermédiaires
Repenser la corruption : des constats surprenants
Criminels en col blanc
Sutherland, ou la volonté de sortir d’une vision idéologique de la criminalité
Une impunité problématique
Condamnations individuelles, responsabilités collectives
Chapitre 4 – L’infiltration criminelle dans l’économie légale
Le blanchiment : une infiltration a minima
Blanchiment : une criminalisation étonnamment tardive
La finance : un trou noir fort opportun
Une conceptualisation en décalage avec la réalité
L’ambiguïté des économistes
Sous-estimation de la menace : l’excuse de la subalternité
Justification de l’infiltration : le mythe de la rédemption du criminel
Les entreprises légales-mafieuses
Quand le crime n’est pas synonyme de marginalité
Pourquoi diable investir dans des activités légales ?
Naissance de l’entreprise légale-mafieuse
Loin d’Hollywood, la petite entreprise mafieuse
L’entreprise : mafieuse un jour, mafieuse toujours
Privatisation de l’argent public
La non-rédemption du mafieux
Le règne de l’ordre mafieux
Chapitre 5 – Criminalité et territoire : ancrage d’un pouvoir
Genèse criminelle : vers une typologie des territoires à risque
L’urbanisation ou la consécration du vice
Richesse et pauvreté : une juxtaposition explosive
Souverainetés affaiblies, souverainetés rivales
Des territoires criminels « hors sol »
L’objectif de contrôle du territoire
Le principe de territorialité, élément structurant de la mafia
Le rançonnement du territoire
Le territoire conditionné
Bénéfices de la territorialisation
Stratégies mafieuses extraterritoriales
Une capacité réelle à s’exporter
L’extraterritorialité fonctionnelle, un moindre mal
Une « colonisation » mafieuse est-elle possible ?
Des territoires naturellement
dotés d’anticorps ?
Chapitre 6 – Mondialisation économique, fragmentation territoriale et insertion criminelle
Retour sur un concept, la mondialisation
L’unification économique ou la massification des flux
La fragmentation politique, ou la souveraineté morcelée
Trafics mondialisés et opportunités criminelles : l’illégal reflet du légal
L’appel d’air d’une offre et d’une demande internationalisées
L’aubaine des accords régionaux de libre-échange
Des chaînes de valeur mondiales… criminelles
Massification et dissimulation criminelle
Mise en concurrence des territoires à des fins criminelles
Paradis fiscaux : la confluence des criminalités
Les ruptures de charge, indices de criminalisation
Le crime en « pièces détachées »
Différentiels de prix et législations concurrentes
Conclusion
Autour de l'auteur
Clotilde Champeyrache est maître de conférences en économie à l’université Paris 8 et enseigne également au CNAM. Spécialiste de l’infiltration mafieuse dans l’économie légale, elle est notamment l’auteur chez CNRS Éditions de Sociétés du crime, Un tour du monde des mafias (2011) et Quand la mafia se légalise. Pour une approche économique institutionnaliste (2016).