Résumé
L’instauration de la note de vie scolaire au collège à la rentrée 2006 a été une tentative pour lutter contre les pro-blèmes de discipline, mais aussi pour valoriser des compétences sociales définies dans les piliers 6 et 7 du socle commun. Cet ouvrage analyse les conditions d’efficacité et de réception de la note de vie scolaire dans plusieurs collèges français par une approche ethnographique et des entretiens menés auprès de 82 professionnels et de 63 collégiens de troisième. Ce dispositif est inédit : il représente un effort pour mettre à plat l’une des caractéristiques de la forme scolaire, à savoir l’intrication étroite entre les savoirs et les comportements sociaux, avec une recherche de travail collaboratif à l’échelle d’un établissement. Plusieurs professionnels doivent ainsi s’y concerter pour une évaluation commune (enseignants, CPE, principaux) alors que leurs missions diffèrent, dans un contexte de politique d’éducation où les établissements doivent faire preuve d’autonomie tout en obéissant aux injonctions nationales. Les collégiens, de leur côté, sont soumis à la pression de la réussite qui influence positivement leur perception de la note de vie scolaire.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
1. UN CONTEXTE TENDU AUTOUR DES QUESTIONS DE DISCIPLINE
Quelle définition de la discipline ?
Les formes actuelles de la discipline
2. D’UNE INJONCTION NATIONALE À SES RÉAPPROPRIATIONS LOCALES
Des retraductions locales successives
Un dispositif symptomatique de l’évolution des politiques d’éducation
Une inégalité de traitement des élèves
La chaîne des retraductions à l’échelle d’une académie
Les conditions d’une mobilisation professionnelle locale au niveau de l’établissement
Les relations interprofessionnelles
L’articulation à une politique d’établissement
La crédibilité dans les moyens de lutter contre l’indiscipline
3. DES ENJEUX PROFESSIONNELS
Les chefs d’établissement : devoir d’obéissance, travail de persuasion et conviction personnelle
Une obligation professionnelle
Une entrée pédagogique
La mise en place de stratégies
La revalorisation incertaine des CPE
Un rôle central
Un intérêt mitigé pour la note de vie scolaire
Les professionnels les plus critiques : les enseignants
Une résistance au changement ?
Des méfiances à l’égard de la capacité de la note de vie scolaire à résoudre les problèmes d’indiscipline
Acceptation de la note de vie scolaire et évolution des fonctions professionnelles
4. DES CONTRADICTIONS AUTOUR DES PRINCIPES DE JUSTICE
Est-il juste d’évaluer un comportement par une note scolaire ?
De réelles difficultés techniques et éthiques
Des critiques qui pourraient être émises à l’égard de n’importe quelle évaluation scolaire
Des tentatives de rationalisation pour une meilleure égalité de traitement
L’évaluation en tension entre égalité de traitement et égalité des résultats, entre justice méritocratique et justice compensatoire
La note de vie scolaire comme réparation, dans une perspective d’équité
La critique enseignante du laxisme dans l’attribution de la note de vie scolaire
5. LA RÉCEPTION PAR LES ÉLÈVES
Un point de vue globalement positif
Des collégiens qui ne sont pas indifférents à la vie sociale dans leur établissement
Conclusion
Autour de l'auteur
Rachel Gasparini est maître de conférences en sociologie à l’université Lyon 1, intervenant dans la formation des professeurs du primaire et du secondaire, des chefs d’établissement et des CPE. Membre du laboratoire Max Weber, ses recherches concernent la socialisation scolaire et familiale. Elle est l’auteur de Ordres et désordres scolaires. La discipline à l’école primaire (Grasset/Le Monde, 2000).
