Résumé
Pour dire en quelques mots cette destitution : l’intellectuel était traditionnellement un auteur (romancier, poète, philosophe, savant, ou autres) que son œuvre dotait d’une autorité spirituelle susceptible de donner du poids à ses propos et à ses interventions comme citoyen dans la cité : interpellation du pouvoir, appel de celui-ci à la responsabilité, à la justice ou au droit, appel à l’opinion publique sur une question grave mais ignorée, etc. C’était un citoyen auquel son œuvre donnait une autorité, parfois considérable.
Aujourd’hui l’intellectuel est devenu un histrion sans œuvre ni autorité, mais doté d’une place dans des réseaux de pouvoirs pour se maintenir dans la visibilité médiatique. Agis de telle sorte que tu continues à être visible ! Tel est son impératif catégorique, la loi qui commande ses faits et gestes.
Comment ce changement s’est-il produit ? Cet essai tente de répondre à la question.
Caractéristiques
Sommaire
Ouverture. — La destitution des intellectuels
Première partie. — Vérités intempestives
Abus de pouvoir
1. Qu’est-ce que tyranniser le savoir ?
2. L’évaluation : un pouvoir supposé savoir
3. Le souverain vorace et vociférant
Secrets percés
4. L’odyssée interminable de soi à soi
5. Ce secret qui nous tient
6. Le code introuvable
7. Internet ou la révolution paradoxale
Le mal radical
8. La pureté meurtrière
9. Le mal et la pensée
L’autre au miroir
10. Frontières sans murs et murs sans frontières
11. Nationalité et citoyenneté
12. De civilisation à civilisation
13. L’islam et les Lumières
Aux marges de la politique
14. Le prolétariat après Marx
15. Wittgenstein et la place du politique
16. Deleuze, la philosophie et la politique
Seconde partie
Critiques
1. Campanella : utopie et politique
2. Hobbes ou la logique du pouvoir
3. Montesquieu : défendre la liberté, lutter contre la servitude
4. Foucault politique : concepts mixtes et regard fulgurant
5. Pierre Bourdieu en porte-à-faux : entre philosophie et sociologie
6. Une fascination malsaine : Carl Schmitt en France
7. Carl Schmitt : qu’en faire ?
8. Habermas : l’État libéral et les religions
9. Nathan Wachtel : modernité de l’Inquisition ?
10. Pierre Rosanvallon : du trouble dans la légitimité
11. Vincent Peillon ou la dépression dans le socialisme
12. Zizek-Badiou : les philosophes de la terreur
13. Alain Badiou, philosophe manifeste
14. Michel Onfray, un enfant de la télé
Positions politiques
1. L’arbitraire légal
2. Mai 68
3. Bonheur fin de siècle
4. Les nouvelles servitudes
5. Remède pour empêcher le pouvoir de tyranniser le savoir
6. La tolérance
7. Droits de l’homme, bons sentiments et aveuglement politique
8. Sur l’Université
9. Pour en finir avec le piège de l’identité nationale
Autour de l'auteur
Yves Charles Zarka est philosophe, professeur à l’Université Paris Descartes (Sorbonne) et dirige la revue Cités (PUF). C’est l’un des principaux penseurs politiques contemporains. Il est l’auteur d’une œuvre considérable tant sur le plan de l’histoire de la philosophie politique (notamment : La décision métaphysique de Hobbes, Vrin, 1987 ; Raison et déraison d’État, PUF, 1994 ; Un détail nazi dans la pensée de Carl Schmitt, PUF, 2005 ; Monarchie et république au XVIIe siècle, PUF, 2008) que sur celui de la philosophie politique contemporaine (notamment : L’autre voie de la subjectivité, Beauchesne, 2000 ; Figures du pouvoir, PUF, 2001 ; Difficile tolérance, PUF, 2004 ; Critique des nouvelles servitudes, PUF, 2007 ; Le Monde émergent, Armand Colin, 2010). Ces ouvrages ont été traduits en plusieurs langues.