Résumé
À l’origine, cruor désigne le sang répandu et, par métonymie, la chair sanglante. Les Romains lui opposaient le terme de sanguis, qui désigne de son côté le sang circulant dans le corps mais aussi la force vitale. Au sens premier, l’acte de cruauté est donc une forme particulière de violence qui consiste à déchirer les corps ; mais chez les cyniques grecs comme chez Nietzsche ou Artaud, la cruauté est avant tout l’autre nom de la lucidité. La contradiction entre morale et désir, qui fait toute l’ambivalence humaine, mêle donc cruor et sanguis dans un jeu dialectique… À partir d’une réflexion philosophique étayée sur de nombreuses situations concrètes (camps de concentration, exécutions capitales, terrorisme, mais aussi arts contemporains ou sadomasochisme) où l’homme est capable de balayer toute inquiétude morale, cet essai tend à montrer qu’il n’y a pas de bien et de mal en soi mais des situations dans lesquelles l’individu éprouve la liberté de commettre ou non des actes effroyables aux dépens d’autrui.
Caractéristiques
Sommaire
Prologue
I. — Cruor et sanguis
II. — Les mystères du négatif
III. — La condition cruelle
La double nature de la cruauté
Sadisme
Droit de punir
Cruauté physique/cruauté mentale
Le tragique des passions
IV. Proust du côté de chez Sade
Une heuristique de la cruauté
Bouc émissaire
Culpabilité
Cruauté et volonté
Dialectique
V. Les dialectiques de la cruauté
La pulsion de destruction
Supplices : sadisme ou nécessité
L'homme faustien
Spectacles
Mélancolie du bourreau
Cannibales
L'amour comme torture réciproque
Rationalité et cruauté
La dénégation douloureuse
Le récit SM ou la reconnaissance
VI. Figures
Bestiaire
Minotaure
Richard III et Ubu roi
Caligula
Dracula
De l'ordalie masochiste à l'attentat-suicide
VII. Images
VIII. Logos et barbarie
Rhétorique et barbarie
Révolutionner la langue
Du blasphème à la censure
Épilogue
Autour de l'auteur
Michel Erman est professeur à l’Université de Bourgogne et écrivain.