Résumé
La sécurité des systèmes à risques (transports, nucléaire, chimie) n’a jamais été aussi bonne. Malheureusement, ce niveau de sécurité ne progresse plus. Les erreurs humaines sont considérées comme la cause dominante des accidents restants.
La thèse du livre est plus subtile. Certains progrès techniques gênent les protections naturelles que développe l’opérateur contre ses propres erreurs.
L’opérateur gère en permanence un compromis entre le risque interne qu’il accepte de prendre, le risque objectif lié au niveau de performance qu’il vise, et les conséquences de ces risques pour son intégrité physique et morale (fatigue, stress, épuisement). L’erreur ne peut et ne doit pas être totalement supprimée car elle fait partie des mécanismes de régulation de ce compromis. Mais l’opérateur n’est pas inconscient, il assume ce compromis en se protégeant, en détectant ses erreurs, en réduisant si nécessaire ses aspirations ; on parle de sécurité écologique.
Le livre démonte les mécanismes de cette sécurité écologique et présente une synthèse sans précédent sur la modélisation de l’opérateur et les liens entre erreurs et accidents. Il s’adresse aux étudiants et chercheurs, et vise aussi tous les acteurs de la sécurité, opérateurs, pilotes, décideurs, concepteurs et gestionnaires du risque.
Caractéristiques
Sommaire
Préface
Chapitre premier. — La sécurité des grands systèmes techniques : l'erreur humaine comme dernière frontière
1. L'ampleur des risques d'accidents : succès et paradoxes
2. La magie de la technique : mythes et réalités en matière de sécurité
3. Les querelles systémiques et le rôle de la justice
4. La dernière frontière : l'homme, point faible du système
5. Reformuler les questions : les perspectives du livre
Chapitre II. — Les notions de complexité et de difficulté comme cadre de référence
1. Définir la complexité et la difficulté
2. La complexité comme caractéristique de la tâche à faire et de l'environnement
3. La complexité comme résultante de l'expertise
4. Réflexions pour et contre une typologie des situations et orientations d'étude
Chapitre III. — Le manque de ressources au centre des débats
1. Le goulet des ressources
2. La solution cognitive générale : l'automatisation
3. Les solutions locales : perspectives diachroniques et synchroniques
Chapitre IV. — Le modèle de compétence comme outil de base de la gestion cognitive
1. Mémoire et connaissances
2. Le modèle de compétence
Chapitre V. — La gestion diachronique de la complexité et des ressources : planification et anticipation
1. Buts et contraintes de la planification
2. L'anticipation pendant l'activité
Chapitre VI. — Comprendre et accepter de ne pas comprendre : la clé du réglage pratique du compromis cognitif
1. Caractéristiques générales de la compréhension
2. Les théories cognitives classiques de la formation de la compréhension
3. Les limites de la formation de la compréhension en situation dynamique
4. L'émergence d'une théorie dynamique de la compréhension dans les situations à risques
Chapitre VII. — Les autres dimensions du compromis : gestion des tâches, détection de ses propres erreurs, confiance en soi et dans le système
1. La gestion des tâches
2. La protection contre ses propres erreurs
3. La confiance, prise de risques calculée pour éviter d'autres risques
Chapitre VIII. — Synthèse : un modèle de cognition dynamique avec deux volets : le modèle de compréhension/action et le modèle de contrôle contextuel
1. Les bases du modèle
2. Résumé des composantes du modèle de cognition dynamique
Chapitre IX. — Les conséquences pour l'aide à l'opérateur
1. Une nouvelle vision pour la sécurité
2. Perspectives pour améliorer la sécurité des grandes catastrophes
3. La conception des interfaces homme/machine et des aides respectueuses du compromis cognitif
4. L'exemple d'un programme appliqué : le Copilote électronique de l'avion de combat Rafale
5. Épilogue
Bibliographie
Index analytique
Autour de l'auteur
René Amalberti est ancien médecin militaire, professeur au Val de Grâce, docteur en médecine et en psychologie. Ses recherches portent sur l’ergonomie cognitive, la modélisation cognitive des opérateurs, les effets de l’automatisation et le développement de systèmes d’aides. Il a été chargé de mission facteurs humains auprès de la Direction générale de l’Aviation civile et chercheur associé au CNRS. L’auteur a beaucoup enseigné en France et à l’étranger et se trouve fortement impliqué dans les communautés aéronautiques et ergonomiques nationales et internationales.