Résumé
En quoi le fait de vivre ici ou là peut contribuer à dégrader ou améliorer la santé ? Pourquoi, au-delà de leurs caractéristiques sociales et individuelles propres, les populations seraient plus ou moins exposées à des risques selon les lieux où elles vivent ? Partant des difficultés des habitants de deux quartiers pauvres de l'île de La Réunion où elle est restée plusieurs mois, l'auteur analyse les étapes de la construction de ce "sentiment de soi" pour comprendre ce qui relie santé individuelle et territoire habité. Il montre les contradictions de la société créole réunionnaise et décrypte les mécanismes à l'oeuvre dans la pérennisation des inégalités.
Caractéristiques
Sommaire
Remerciements - Préface de Boris Cyrulnik - Introduction
Première partie - La Réunion, un cloisonnement social et spatial
1 - Emboîtements multiples d’une société compartimentée -- La société coloniale : violence et dualité fondatrices -- La départementalisation : complexification de la stratification sociale et trouble de l’identité des Créoles
2 - Cloisonnement social, cloisonnement spatial, des espaces typés -- Espace compartimenté et distinction Hauts/Bas -- Urbanisation et polarisation spatiale
3 - Une société bâtie sur des bases instables -- Parodie du développement et maintien des structures du pouvoir - Idéologie du rattrapage et occultation d’une explication politique
Deuxième partie - Ravine Daniel, Rivière des Galets : de la pauvreté à l'exclusion sociale
1 - Pauvreté et insertion dans un monde qui se tient -- Habitation, établissement, exploitation agricole à Ravine Daniel -- Rivière des Galets, bidonville/« bidoncampagne » ?
2 - Inactivité et exclusion sociale : le monde des habitants -- Règne et enjeux de l’habitat : le colon devenu habitant -- Chômage et rhi à Rivière des Galets : la rupture d’un ordre social
Troisième partie - Le quartier, espace de repli ambigu
1 - L’espace devenu étranger : la séparation entérinée -- Rivière des Galets : « Ma cité perdue, vrai, une cité qui ne vaut plus rien à force de construire » -- Ravine Daniel, le monde des Hauts opposé au monde des Bas : rupture d’amarrage et sentiment d’abandon
2 - Enchevêtrement et ambiguïté relationnels -- Interconnaissance localisée : renforcement de l’ancrage dans le quartier -- Importance du « la di la fé » et exacerbation de la tension -- Concurrence et jalousie
3 - Violence en spirale et atteinte à la confiance -- Retentissement des événements funestes et sentiment de proximité du danger -- Le quartier, machine implacable
Quatrième partie - Hommes - Femmes, la séparation
1 - Les femmes, l'angoisse du retrait -- Ravine Daniel, ou la disparition des femmes -- Rivière des Galets, l’ambiance anxiogène -- Derrière l’alcool, derrière l’ambiance, l’évacuation du monde social
2 - Les hommes, présence tapageuse et angoisse du vide -- La boutik, lieu de recherche de cadres sociaux et réceptacle de l’errance masculine -- La présence physique groupée, condition pour exister, être là ou ne pas être -- Le « complexe » identité/murs/peau : tags et tatouages, traces d’oppression et sentiment d’appartenance
Cinquième partie - Parole et action paralysées
1 - Crise de légitimité, le malaise dans l’institution -- Absence de participation des habitants -- Multiplication des programmes et confusion
2 - L’association, lieu de parole ambigu -- L’association, réservoir de clients -- Mise en concurrence et dévoiement
3 - Trajectoires d’action illisibles et motivation brouillée
Sixième partie - Soigner, être soigné, se soigner : l'altération des termes de l'échange
1 - Le malaise entre système de soins et patients, un dialogue brouillé -- Une offre de soins relativement complète -- Face à face tacitement inégal -- Des médecins dépassés
2 - Absence de projet politique de santé -- Une pratique médicale politiquement indiscutée et indiscutable -- Dépendance envers l’institution d’aide
3 - Construction sociale des besoins -- Construction locale de normes et tabous -- Expression des besoins de santé -- La posture du chercheur, révélateur de besoins
Conclusion - Bibliographie
Autour de l'auteur
Zoé VAILLANT est maître de conférences à l'Université de Paris X - Nanterre