Résumé
Alors que se multiplient les classements mondiaux et les discours sur l’excellence universitaire, voici une histoire critique de la plus internationale des World-Class Universities. Avec respectivement 68 % et 45 % d’étudiants et d’enseignants étrangers en 2010, la London School of Economics est un observatoire privilégié des stratégies d’internationalisation universitaire et de leurs effets sur la fabrique des sciences sociales et sur la formation des élites mondialisées. L’analyse concrète et en longue durée de l’internationalisation d’une université permet d’en préciser les phases et les rythmes, les modalités et les limites. L’analyse de la mise en circulation de paradigmes scientifiques et des devenirs professionnels des anciens étudiants de la LSE permet d’apprécier le soft power d’une « université d’excellence ».
Caractéristiques
Sommaire
Introduction : internationalisme universitaire et circulation des savoirs
Première partie. — À la recherche d’une alternative aux Ancients Universities, 1895-1919
I. — La fondation de la London School of Economics : demande londonienne et modèles étrangers
La crise des universités anglaise au XIXe siècle
La LSE au carrefour de projets nationaux et locaux
Des modèles étrangers pour la London School
Une demande londonienne
La double spécificité de la LSE
II. — Les prémices de l’ouverture au monde
Des professeurs en mouvement
Des étudiants en mouvement
Des livres en mouvement
Des échanges personnels aux premiers réseaux
III. — Genèse de la « tradition LSE » en sciences économique et politique
La critique de l'économie politique classique
La légitimité de l'économie appliquée
L'alternative LSE en science politique
Innovations disciplinaires de la LSE
Deuxième partie. — La première internationalisation de la London School, 1920-1944
IV. — La Rockefeller’s Baby
La « nouvelle alliance » LSE-Rockefeller
Coproduction de nouvelles pratiques de recherches et de savoirs
Les avatars de la dépendance financière
Dépendance financière ou autonomie universitaire ?
V. — Circulation des sciences sociales et expertise internationale
Les international relations : entre théorie et pratiques militantes
Les colonial studies : entre l'Empire et les peuples
L'économie à la LSE entre Vienne et Stockholm, Londres et Cambridge
Des contextes scientifiques nationaux incontournables
VI. — « Faire de Londres le centre intellectuel du monde »
Recrutements internationaux
Des migrations étudiantes encadrées : de l'office à la demande
Les premiers réseaux d'anciens élèves de la LSE
Faire circuler les savoirs
Troisième partie. — L’ère des Special Relationships : Empire, États-Unis, 1945-1974
VII. — La LSE « entre le national et l’international »
La London School à l'âge du national
Intensification des mobilités universitaires
La special relationship transatlantique
Consécration nationale et special relationship renforcée
VIII. — La LSE, la Ford et les sciences sociales de guerre froide
Genèse des development studies
Le development liberalism et l'économétrie
L'avènement de la discipline des Population Studies
Les Area Studies à la LSE : sciences de guerre froide
Une special relationship à géométrie variable
IX. — Faire circuler les savoirs : passeurs et réseaux
Former des étudiants étrangers
Exporter le modèle universitaire anglais dans le Tiers Monde
Des réseaux démultipliés d'anciens étudiants
Des réseaux démultipliés
Quatrième partie. — Une World-Class University dans la mondialisation universitaire, 1975-2010
X. — Une « entreprise académique » dans le marché mondial de l’enseignement supérieur
La nouvelle crise des universités anglaise
La stratégie internationale d'une « entreprise académique »
Le grand écart entre des systèmes de valeurs concurrents
Stratégies d'internationalisation cumulatives
XI. — Enseignement et recherche à l’âge du marché mondial
Inflation de la demande et ajustement de l'offre
Des formations nouvelles pour les élites internationales
Économie de la recherche et progrès de l'expertise
La LSE : une université « à plusieurs vitesses »
XII. — La « nursery des leaders mondiaux »
La plus internationale des world-class universities
Réseaux et soft power d'un world-class university
Universalisme scientifique ou nouveau messianisme ?
Conclusion
Index
Autour de l'auteur
Ancienne élève de l’École normale supérieure de Lyon, agrégée et docteur en histoire, Marie Scot est chercheuse rattachée au Centre d’histoire de Sciences-Po. Elle a publié La LSE et le Welfare State. Science et politique en Grande-Bretagne, 1940-1979 (L’Harmattan, 2006).