Résumé
Pourquoi se syndique-t-on ? Peut-on susciter l’adhésion ? Choisit-on son syndicat ou est-on choisi par lui ? Comment fidéliser les adhérents ? Quelles différences opérer entre adhérents et militants ? Ces questions, qui ont fait l’objet d’une très abondante littérature depuis les origines du syndicalisme, retrouvent un fort regain d’actualité en raison de la chute remarquable des effectifs syndiqués depuis le début des années 1980, plaçant désormais dans ce domaine la France au tout dernier rang des pays développés avec un taux de syndicalisation moyen d’environ 8 %.
Souhaitant mettre un frein au déclin de sa puissance numérique, la CGT, lors de son 47e congrès (2003), a assigné comme priorité à l’action confédérale le développement de l’adhésion avec, comme objectif, le million d’adhérents. Pour l’atteindre, une réforme des structures, une refonte de la répartition des moyens et une modification des pratiques ont été proposées. C’est à l’analyse de cette politique et de sa mise en œuvre concrète que cet ouvrage est consacré. Pendant trois ans, des militants et adhérents des syndicats ont été rencontrés, les modes de fonctionnement des syndicats et les pratiques de syndicalisation et de socialisation des adhérents ont été observés. Au-delà des résultats plus ou moins probants constatés concernant le développement de la syndicalisation, l’ouvrage révèle la très grande autonomie des structures qui composent la CGT et les liens faibles qui les unissent. Il met à mal le stéréotype dominant d’une organisation efficace et instrumentalisée par le parti communiste. Il souligne au contraire les difficultés rencontrées par la direction confédérale pour infléchir les pratiques locales et mettre en œuvre les décisions prises collectivement. Il n’y a pas une, mais des CGT cohabitant plus ou moins harmonieusement au sein de la confédération.
Caractéristiques
Sommaire
Remerciements
Liste des sigles utilisés
Introduction. — En quête d'adhérents, par Françoise Piotet
La crise du syndicalisme ou la « fin des syndicats » ?
Développer l'adhésion à la CGT
Comprendre l'adhésion
PREMIÈRE PARTIE. — SYNDICALISME OUVRIER SOUS CONTRAINTE, par Françoise Piotet
I. Deux formes de résistance syndicale dans les entrepôts d'un groupe d'hypermarché, par Anne-Catherine Wagner
La difficile implantation d’un syndicat militant
Force et fragilisation d’un syndicat d’« anciens »
II. Un syndicalisme de lutte des classes dans la métallurgie, par Azdine Henni
Une entreprise industrielle mondialisée
« L’après-grève est quand même mieux maintenant ». Un conflit local mobilisateur
Un syndicat de « jeunes »
III. La difficile transmission d'un syndicalisme d'ouvriers à « statut », par Yasmine Siblot
Un établissement industriel doté d’un personnel ouvrier au statut spécifique
Un syndicalisme ouvrier centré sur les ateliers et le maintien du statut
Les difficultés du renouvellement de l’équipe militante et de l’adhésion
Un travail de revalorisation et de transmission de pratiques syndicales
La relève : une nouvelle organisation, un autre rapport au syndicalisme CGT ?
DEUXIÈME PARTIE. — TECHNICIENS, « GRADÉS » ET CADRES FACE À LA SYNDICALISATION, par Françoise Piotet
IV. Le syndicat des personnels navigants, par Mathieu Bensoussan
La section en 2005 : trop nombreux ?
Les pratiques de syndicalisation
V. Cadres et syndiqués à la CGT dans une grande banque, par Mathieu Bensoussan
Le syndicat UGICT Île-de-france : morphologie adhérente, parcours militants
Audience et pratiques syndicales : les effets de l’indépendance du syndicat UGICT
VI. Le syndicalisme à l'épreuve de la réforme de l'État : l'exemple du syndicat aux impôts, par Azdine Henni
Le syndicalisme aux impôts
Réformes, conflits et engagements syndicaux
Le dilemme des cadres syndiqués
VII. Les nouvelles frontières de la CGT dans l'enseignement secondaire, par Françoise Piotet
La renaissance de la section syndicale CGT
Un travail syndical peu structuré
La politique de la section : l’affirmation de grands principes
Les origines des adhérents
TROISIÈME PARTIE. — LE RAPPORT DES ADHÉRENTS ET DES MILITANTS À L’ORGANISATION, par Françoise Piotet
VIII. Le rapport aux structures, par Françoise Piotet
La complexité des structures fédérales
La proximité de l'interprofessionnel
IX. Le dispositif institutionnel de socialisation : l'exemple des formations de « premier niveau », par Yasmine Siblot
La mise en œuvre locale d’un dispositif centralisé : ajustements et usages variés
Des périodes d’« effervescence collective » : un travail de cadrage aux contours flous
Un événement cristallisateur et ses répercussions variables pour les syndiqués
Conclusion. — Les CGT, par Françoise Piotet
Questions et problèmes transversaux
Deux obstacles majeurs au développement de la syndicalisation à la CGT
Bibliographie générale
Autour de l'auteur
Françoise Piotet est professeur de sociologie à l’Université Paris I - Panthéon-Sorbonne, où elle y dirige l’Institut des Sciences Sociales du Travail et le laboratoire Georges Friedmann (UMR 85 93). Elle a publié une douzaine d’ouvrages, dont : Méthodes pour une sociologie de l’entreprise (avec Renaud Sainsaulieu, Presses de la FNSP, 1994, prix Albert Costa de Beauregard), La révolution des métiers (dir., PUF, « Le lien social », 2004) et Travail et emploi. Le grand écart (Armand Colin, 2007).