Résumé
Le XVIe siècle européen voit émerger, de façon encore incomplète, un système politique qui perdure pendant les trois siècles d’Ancien Régime, voire au-delà. Les guerres d’Italie se transforment en un combat pour l’hégémonie sur le continent. La naissance d’une nouvelle construction politique, l’empire de Charles Quint, qui se prolonge dans la monarchie catholique de Philippe II, polarise ensuite la politique européenne. Cet ensemble, le premier de l’ère moderne à éprouver l’ivresse et la difficulté d’être une puissance mondiale, peut contenir le royaume de France et, avec plus de peine, l’expansion ottomane. La crise religieuse née de la Réforme protestante n’est pas sans conséquences politiques, nourrissant guerres civiles et complots, alimentant les tensions entre États protestants et catholiques, mais aussi les espoirs d’une nouvelle unité de la Chrétienté, ou encore le souci de libérer les États des contraintes confessionnelles. Le présent ouvrage s’attache aussi aux nouvelles structures de la vie internationale : la diplomatie permanente devient le mode de relations normales entre les États, contribuant à une homogénéisation des pratiques politiques ; la gestion d’une information toujours plus dense et le développement inédit d’une administration propre du politique modifient l’exercice du pouvoir ; les exigences nouvelles de la guerre sont le moteur d’un développement de la puissance étatique qui n’est cependant jamais uniforme ou linéaire.
Sans juxtaposer des histoires nationales, ce livre propose une vision synthétique des évolutions politiques de l’Europe de la Renaissance et des guerres de Religion.Tout en restant attentif aux particularités des divers États qui la composent, il dessine des traits communs dans la conception patrimoniale du pouvoir, le développement d’une société de cour, la construction toujours précaire d’identités collectives. S’appuyant sur les recherches les plus récentes des diverses historiographies européennes, il en restitue les interrogations sur cette première modernité qui ne nous est plus immédiatement familière, mais qui, dans son éloignement même, nous fait partager son inquiétude sur la fragilité du politique.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
PREMIÈRE PARTIE. — SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
I. Sources imprimées
Ouvrages généraux, traités et recueils d’actes
Correspondances politiques et diplomatiques
Mémoires, écrits politiques et historiques
II. Instruments de travail
III. Histoire générale
Histoires de l’Europe
Histoires nationales, histoires multilatérales
L’empire de Charles Quint
La monarchie de Philippe II
IV. Les acteurs
Biographies de souverains
Princes, ministres et conseillers
V. Scansions chronologiques
Le temps des guerres d’Italie
Les conflits des années 1530 et 1540
La crise des années 1550 et la paix du Cateau-Cambrésis
Guerres civiles et conflits internationaux dans les années 1560 et 1570
De la succession portugaise à la succession française
VI. Structures politiques et relations internationales
Théorie et pratiques des relations internationales
Diplomaties et diplomates
Chrétienté, Europe, sentiment national
Rapports avec l’empire ottoman et le Maghreb
Conflits confessionels, états et relations internationales
Gestion de l’espace et de l’information : frontières, cartographie, postes, communications
VII. Conceptions du pouvoir
Idéologies, cultures et pratiques du pouvoir
Images du pouvoir, rituels, cérémonial, diffusion de l’information
Prophéties et cultures politiques
Idées politiques
VIII. Formes du pouvoir
Genèse de l’État moderne ?
Princes, princesses et dynasties
Cours et courtisans
Républiques et cultures républicaines
Institutions, droits, justice, personnel administratif
Pratiques et contestations du pouvoir
Noblesse et État
Institutions représentatives, provinces, villes, et État
Finances
États et armée
DEUXIÈME PARTIE. — ÉTAT DES CONNAISSANCES
I. Des guerres d’Italie à l’empire de Charles Quint
Les premières guerres d’Italie
Hégémonie ou partage entre les puissances ?
L’empire de Charles Quint
II. L’Europe de Philippe II
La paix européenne
Un espace géopolitique autonome : la Baltique
Révoltes, conflits religieux et guerres civiles dans l’Europe occidentale
De Lépante à la succession portugaise
Les affrontements des années 1580
Les nouveaux équilibres géopolitiques à la fin du XVIe siècle
III. Pouvoirs et formes du pouvoir en Europe au XVIe siècle
Princes et Républiques
Les formes d’exercice du pouvoir
Une autorité absolue, éclairée ou négociée ?
Les moteurs de la croissance de l’État
IV. Les modes de relation entre États
Hiérarchies et préséances
Sociabilités et solidarités princières
La révolution des ambassadeurs permanents
Maîtriser l’information
TROISIÈME PARTIE. — CHANTIERS DE RECHERCHE ET DÉBATS D'HISTORIENS
I. Y a-t-il un État de la Renaissance ? Les techniques de gouvernement
Comment apprendre à servir l’État ?
Le gouvernement par l’écrit : pratiques politiques
Le gouvernement par l’écrit : pratiques administratives et collectes d’informations
II. Y a-t-il un État de la Renaissance ? Idées et pratiques politiques
Penser le politique, penser la politique
Monarchies composites, État mixte, souveraineté limitée
Les identités collectives : perceptions et constructions
III. Confessions et relations internationales dans l’Europe du XVIe siècle
La crise religieuse, enjeu politique dans la première partie du siècle
Une « Internationale calviniste » ?
Une croisade papiste ?
Confessionnalisation des relations internationales ou diplomatisation de la controverse religieuse ?
Conclusion
Index des noms de personne
Autour de l'auteur
Alain Tallon est professeur d’histoire moderne à l’Université de Paris IV-Sorbonne. Il est notamment l’auteur de La France et le concile de Trente (1997), de Conscience nationale et sentiment religieux en France au XVIe siècle (2002) et de L’Europe de la Renaissance (2006).