
Résumé
Huguenots, séfarades, catholiques britanniques, mennonites, morisques, frères moraves, quakers, ashkénazes… Qu’ont en commun ces populations qui parcourent l’Europe durant les XVIe-XVIIIe siècles ? Toutes s’inscrivent dans des communautés dont les ramifications traversent les frontières politiques, culturelles et religieuses ; toutes entretiennent des réseaux dynamiques à travers lesquels circulent informations, personnes et biens. Unis par la mémoire des persécutions, l’attachement à une terre d’origine, réelle ou rêvée, et par des liens économiques, ces groupes n’en sont pas moins extrêmement divers. Formant des minorités au sein de la cité, ils entretiennent des rapports complexes tant avec les autorités et les populations locales qu’avec les autres populations diasporiques.
Cet essai explore ces tensions, entre unité et hétérogénéité, mobilité et sédentarité, marginalisation et perméabilité des frontières sociales. Aussi synthétique qu’informé, il s’adresse à la fois aux spécialistes des minorités et des diasporas, qui y trouveront une proposition de lecture globale, à ceux qui s’intéressent à la coexistence religieuse, aux questions d’intégration et aux migrations.
Caractéristiques
Sommaire
Remerciements
INTRODUCTION
CHAPITRE I. LES TRIBULATIONS D’UN « MOT-VALISE »
1. Qu’est-ce qu’une diaspora ?
2. La diaspora en débats.
L’essentialisation du groupe
Diasporas, migrations, minorités
Réseaux diasporiques
CHAPITRE II. MÉMOIRE, CULTURE ET RELIGION EN PARTAGE
1. La terre d’origine
Le trauma fondateur
Mises en récit de l’exil
2. La force du référent origine
La langue
L’iconographie diasporique
La « petite patrie »
3. Destinée commune et rédemption collective
La culture du martyre
Destinées messianiques
L’ethnicisation de la différence
CHAPITRE III. LIENS SOCIAUX ET MOBILITÉS
1. L’enjeu matrimonial
2. L’entre-soi des affaires ?
3. Hommes et femmes en mouvement
Métiers itinérants
Le grand tour des exilés
Négociantes et réfugiées, des exceptions diasporiques ?
4. Solidarités et bienfaisance translocales
CHAPITRE IV. METROPOLES DIASPORIQUES
1. L’appel de la ville
2. Le creuset communautaire
3. Métropoles et métropolisation
Chronologies
Fonctions et hiérarchies
CHAPITRE V. TEMPORALITÉS ET SEGMENTS DIASPORIQUES
1. Cycles diasporiques
2. « Diasporas within a diaspora »
De la formation…
… à la structuration
Nous, les autres
3. Ébauches et dilutions
CHAPITRE VI. DIASPORAS ET AUTORITÉS POLITIQUES
1. Persécutions et conflits de loyauté
2. Donner asile…
3. Les conditions d’accueil
Textes et statuts
Privilèges et protection
Les minorités, des enjeux de pouvoir
CHAPITRE VII. AGRÉGATION, SÉGRÉGATION, VOISINAGE
1. Agrégation et dispersion. Où résider ?
Vivre ensemble ou séparés…
… mais pas n’importe où
2. Localiser l’interaction sociale
Voisins de palier, voisins à l’église
Les lieux de frottement
CHAPITRE VIII. DES MINORITES DANS LA CITÉ
1. Le lieu et l’aveu : s’insérer
L’appartenance aux corps
Le revers de l’autonomie : des droits… et des devoirs
2. « L’hôte qui reste »
S’allier
Fréquenter
S’assimiler
3. Entre attirance et répulsion : l’inquiétante étrangeté du nouveau venu
CHAPITRE IX. RELATIONS INTER-DIASPORIQUES
1. Entre concurrences…
2. … et collaborations
Les lieux du partage
Le poids des alliances
Combiner les réseaux marchands
3. Mobiliser par l’exemple
Regards croisés
Le modèle juif
Constructions mémorielles et expériences communes
4. Brokers et go-between
CONCLUSION
Illustrations
Bibliographie
Index
Autour de l'auteur
Mathilde Monge est maître de conférences à l’université Toulouse 2. Elle a étudié les minorités anabaptistes avant de s’intéresser à la coexistence religieuse par l’analyse croisée de plusieurs diasporas.
Natalia Muchnik est maître de conférences à l’EHESS. Elle a travaillé sur la diaspora séfarade, l’Inquisition et les marranes, avant de mener une étude comparée de plusieurs diasporas des XVIe-XVIIIe siècles.