Résumé
Le temps est-il fondamentalement une détermination du sujet ? À la suite d’Augustin, des philosophies aussi différentes que celles de Bergson, Husserl ou Heidegger n’hésitent pas à le soutenir : le temps n’est pas d’abord dans les choses, mais il provient, plus originairement, des actes, des attitudes ou des comportements par lesquels un sujet (ou, éventuellement, un Dasein) s’attend ou se souvient, anticipe des possibles ou décide de lui-même, c’est-à-dire temporalise dans leur unité indissoluble l’avenir, le passé et le présent.
C’est cette thèse que le présent ouvrage s’efforce de discuter et de soumettre à un examen critique. Quelle compréhension du temps au cours de la métaphysique a rendu possible sa « subjectivation » ? N’est-ce pas d’abord une certaine saisie du phénomène temporel comme phénomène intratemporel ? Et cette interprétation, dont il devient possible d’entreprendre une généalogie à la lumière des analyses de Platon, Aristote et Augustin, ne prescrit-elle pas son cadre conceptuel à la métaphysique elle-même ?
Mais, si la temporalité n’est pas pensable à l’aune de la subjectivité métaphysique (dont le Dasein, à certains égards du moins, constitue l’ultime figure), n’est-il pas requis, pour tenter d’en produire une phénoménologie, de changer de fil conducteur ? C’est en ce point que le présent ouvrage rejoint le projet de L’événement et le monde (PUF, 1998), celui d’une herméneutique événementiale de l’humain, dont il constitue à la fois l’approfondissement et l’achèvement.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
PREMIÈRE PARTIE
La métaphysique du temps
1. – Les déterminations traditionnelles du temps et leur dépendance structurelle à l’égard du phénomène de l’intratemporalité
a. – L’intratemporalité en tant que caractère phénoménologique de ce qui est « dans » le temps
b. – Les caractères phénoménaux du temps envisagé dans l’horizon de l’intratemporalité
2. – Les paradoxes du Parménide
3. – Le temps et l’intratemporalité dans la Physique, IV, d’Aristote
4. – Augustin et la subjectivation du temps
a. – Les présupposés de la détermination du temps comme distensio animi
b. – Le problème de la mesure du temps
c. – Excursus sur le mouvement et le temps
d. – Intentio et distensio
DEUXIÈME PARTIE
Le temps
5. – L’enjeu d’une phénoménologie du temps et sa différenciation à l’égard de la métaphysique du temps
A. – LE FIL CONDUCTEUR DU SUJET
6. – Les apories de la constitution du temps
7. – L’ambivalence du la temporalité dans Sein und Zeit
B. – L’AUTRE FIL CONDUCTEUR : TEMPS ET CHANGEMENT
8. – L’amplitude phénoménologique du concept de changement
9. – L’intratemporalité des faits : première approche du phénomène
temporel
a. – Le temps comme ordre et comme succession
b. – L’ordre sans la succession : l’objectivisme physique
c. – La succession sans (ou avant) l’ordre : l’idéalisme phénoménologique
10. – L’événement comme fil conducteur
11. – L’événement comme temporalisation du temps
a. – Analyse statique : la triple détermination phénoménologique de
l’événement
b. – Analyse dynamique : l’événement comme jaillissement-en-sursis et sa
tempor(al)isation
c. – Les dimensionnels du temps : instant, toujours-déjà, futur
TROISIÈME PARTIE
La temporalité
12. – Du temps à la temporalité
a. – Advenant, événement, ex-pér-ience
b. – La temporalité et ses trois échappées
13. – L’avoir-eu-lieu et la mémoire
a. – La mémoire et le souvenir
b. – Les conditions événementiales de la mémoire : la différence de l’avoir-eulieu et du passé
14. – L’avenir et la disponibilité
a. – L’attente et la surprise
b. – La disponibilité comme ex-pér-ience originaire de l’avenir
15. – Le présent et la transformation
16. – Le sens temporel de l’ipséité
17. – La mobilité de l’aventure et la liberté
18. – L’antithèse phénoménologique de l’ipséité et son sens temporel. Un exemple : le traumatisme
19. – Récapitulation : l’articulation du temps et de la temporalité
20. – La finitude de la temporalité
a. – Le pré-temps immémorial de la naissance
b. – L’après-temps indisponible de la mort
c. – La finitude de l’aventure et l’excentricité de son sens
21. – L’unité de mes histoires
a. – La multiplicité des histoires
b. – L’unité de mon histoire
c. – Le problème du monde
Index nominum
Autour de l'auteur
Né en 1967, Claude Romano est maître de conférences à l’Université Paris-Sorbonne. Il est lauréat du Grand Prix Moron 2010 de l’Académie française pour l’ensemble de ses ouvrages de phénoménologie.