Résumé
Le terme de toxique, d’un siècle à l’autre, semble avoir changé de signification. Du sens propre, concernant les paradis artificiels et les stupéfiants en tout genre, nous sommes passés à un sens métaphorique. Quelle est cette substance nouvelle, qui s’est glissée entre les êtres, qui se faufile entre les interstices du monde, entre les mots et les choses, et qui dit notre fragilité et notre angoisse ? Le toxique désigne ce qui vient empoisonner nos vies, soumises à des discours qui nous prennent au corps. Si la flèche du toxikon nous vient des Grecs, elle a accompli une trajectoire traversant l’Histoire pour se planter dorénavant dans la chair de chacun. Les prémices du toxique peuvent être trouvés dans les tourments de Törless, le héros de Musil, mais aussi dans la maladie d’amour dont souffre Emma, l’héroïne de Flaubert, comme empoisonnée par sa propre jouissance. Pour explorer cette hybris nouvelle, Clotilde Leguil démontre avec Lacan la dimension toxique du Surmoi contemporain et l’égarement de la jouissance lorsqu’elle oublie le désir.
Caractéristiques
Sommaire
I - Le moment du toxique
II - Une substance d’un nouveau genre
III - La flèche du toxikon
IV - Le nom d’un mal nouveau
V - Angoisse réelle
VI - Du poison au toxique
VII - La dérive toxique de Törless
VIII - « Kant avec Sade », le Surmoi toxique
IX - L’addiction et la jouissance de l’amour
X - La révolte contre le pouvoir toxique
XI - L’irrespirable
XII - Les crimes de la jouissance future
XIII - L’injection de mots
XIV - Catharsis, Antidote
Autour de l'auteur
Clotilde Leguil est philosophe et psychanalyste, professeure au département de psychanalyse de Paris 8 et membre de l’École de la Cause freudienne. Depuis son premier essai, Les Amoureuses, voyage au bout de la féminité (Seuil, 2008), elle explore les zones d’ombre de l’expérience de l’intime. Partant du postulat qu’il n’y a pas de consentement éclairé, son dernier essai, Céder n’est pas consentir. Une approche clinique politique du consentement (Puf, 2021), a donné une portée éthique à la distinction entre « céder » et « consentir ».