
Résumé
Qu’ont en commun le groupe de pop BTS et la série Squid Game ? Tous deux appartiennent à la nouvelle vague de produits culturels sud-coréens, connue sous le nom de Hallyu, qui déferle sur le monde et surprend par l’engouement qu’elle suscite.
Cet ouvrage, le premier en langue française consacré au sujet, montre comment cette pop culture, fruit de l’écosystème politique et économique sud-coréen, mise sur l’exportation massive de produits culturels à l’esthétique innovante. En s’appuyant sur ces leviers de soft power, la Corée du Sud promeut une globalisation culturelle alternative à l’hégémonie américaine et japonaise dans le domaine des imaginaires juvéniles.
À travers de nombreux entretiens, les deux auteurs analysent la ferveur des jeunes fans français, qui ne s’appuie sur aucune proximité culturelle préexistante, témoigne d’une nouvelle ouverture esthétique et les autorise à imaginer des ailleurs désirables, par-delà les assignations de genre, de classe ou d’origine.
Caractéristiques
Sommaire
Préambule. BTS, crête de la Hallyu
Introduction. La Hallyu, une pop culture globale esthétisée
I. La pop culture globale
a) Le p de pop culture
b) La fabrique des communs
II. La Hallyu : enfant de la pop culture globale
a) Le fabuleux destin de la Hallyu
b) La Hallyu 2.0
III. Une approche monographique de la Hallyu
a) Chausser les lunettes de la Hallyu
b) Le cas de la France
c) Pop culture globale et pop cosmopolitisme
Chapitre 1. Le capitalisme de l’entertainment, stade suprême du capitalisme esthétique ?
I. Critique du capitalisme esthétique
a) Retour sur les origines du capitalisme esthétique
b) Une esthétique addictive et émotionnelle
c) Une esthétique « cool »
II. Le cadre du capitalisme sud-coréen
a) Une modernisation économique accélérée et tournée vers les exportations
b) Le syndrome Jurassic Park
c) Un capitalisme d’État
III. Les traits distinctifs du capitalisme de l’entertainment
a) Un mode de production sérialisé
b) De l’artiste à l’Idol transmédiatique
c) Les fans comme coproducteurs
d) L’exaltation de l’idéologie du bien-être
Chapitre 2. Une globalisation alternative de la pop culture
I. Dans l’arène de la pop culture globale
a) La domination de la Big Three League
b) Vers un nouvel ordre culturel multipolaire
II. Le magistère états-unien
a) Les piliers de la pop culture états-unienne
b) Un relatif essoufflement ?
III. La construction d’une alternative
a) La leçon états-unienne
b) Les trois leçons japonaises
c) La pop culture à la manière sud-coréenne
Chapitre 3. Du soft power au sweet power
I. Diplomatie culturelle et industries culturelles
a) Trois modèles de diplomatie culturelle
b) Le « cool Japan »
c) Impérialisme et résistances culturelles
II. La Corée du Sud, une marque globale
a) Un enjeu : exister sur la scène internationale
b) Un moyen : le segyehwa
c) Un storytelling : le tripode résilience, modernité et harmonie
III. Le sweet power sud-coréen
a) L’image douce d’une nation médiatrice
b) Sweet power et retombées touristiques
c) Les limites du sweet power en matière de leadership régional
Chapitre 4. Théorie des affinités électives cosmopolites
I. L’appétence pour la Hallyu
a) La séduction du proche et du lointain
b) Misère du culturalisme
II. Le travail de l’amateur cosmopolite
a) Comprendre la réception cosmopolite
b) Une étrange familiarité, une différence rassurante
III. La Corée du Sud, cette illustre inconnue
a) Des liens historiquement ténus avec la France
b) Une présence culturelle récente
c) Une ouverture culturelle toute française ?
IV. Le pont japonais
a) La vague japonaise en France
b) Une rupture esthétique et culturelle
c) Une contagion technoculturelle panasiatique ?
V. Portrait du jeune fan de la Hallyu
Chapitre 5. D’une vague à l’autre : esthétique et intimité numérique
I. Tourner le dos aux cultures dominantes
a) Une envie de nouveauté
b) Le procès de la pop culture états-unienne
c) À la recherche d’un nouveau pacte de réception
d) Pour un monde cosmopolite
II. À l’école des mangas et des anime
a) Le goût de la « japonité »
b) Un mainstream adolescent
c) Du Japon à la Corée du Sud
III. L’irrésistible canon esthétique sud-coréen
a) Une différence de qualité
b) Éloge de l’hybride
c) Un panégyrique de la beauté
d) La perfection par l’ascèse
e) Beauté et vertu
IV. Les ressources de l’intimité numérique
a) La mobilisation culturelle
b) Les effets de proximité avec les Idols
Chapitre 6. Enchantements et désenchantements de l’ailleurs
I. La Hallyu et la culture sud-coréenne
a) Du miroir
b) De la façade
II. Les lumières sud-coréennes
a) Des lendemains qui chantent
b) Tradition confucéenne et respect d’autrui
c) La douceur des hommes
d) À la recherche de la romance perdue
III. L’envers du décor
a) La dictature des apparences
b) La répression des émotions
c) Domination masculine et hétéronormativité
d) Une compétition effrénée
e) Une société de places
f) Une société d’exclusion
Chapitre 7. Se singulariser avec la Hallyu
I. Grandir avec la Hallyu
a) La Hallyu, preuve de l’autonomie du goût ?
b) La Hallyu et les troubles adolescents
c) La Hallyu et les stigmates adolescents
II. Les épreuves d’une passion minoritaire
a) L’affirmation de soi au risque de l’exclusion des pairs
b) En quête de soutien
III. La Hallyu comme empowerment cosmopolite
a) L’empowerment par l’ouverture
b) L’empowerment par la réaffiliation
c) L’empowerment par l’autodidaxie
d) L’empowerment par le flair esthétique
IV. Dis Hallyu, dessine-moi un avenir
a) Aux couleurs du rêve
b) Le pari d’une ascension sociale
c) La Hallyu, une ressource supplémentaire
d) Des stratégies de rattrapage
Conclusion. La Hallyu au-delà de la pop culture
I. Une nouvelle hégémonie culturelle ou une globalisation multipolaire ?
II. La portée politique de la Hallyu
Bibliographie
Autour de l'auteur
Vincenzo Cicchelli est maître de conférences à l’Université de Paris, chercheur au Ceped (Université de Paris/IRD) et chargé de cours à Sciences Po.
Sylvie Octobre est chargée d’études au ministère de la Culture (Deps-Doc), chercheuse au Centre Max Weber et chargée de cours à Sciences Po.