Résumé
Au cœur d’Hollywood, Joseph Mankiewicz invente la complicité : une façon de jouir du spectacle sans en être dupe. Avec Cléopâtre, Ève, La Comtesse aux pieds nus, le réalisateur américain met au point les intrigues les plus subtiles et invente les personnages les plus mystérieux, mais augmente encore le plaisir du spectateur en l’associant à ses manigances. Et celui-ci, profitant du spectacle, en mesure aussi les artifices.
Le double de Mankiewicz, son alter ego, c’est à la fois ce spectateur « affranchi », complice, mais c’est aussi le personnage évanescent que tant de ses films évoquent, cette ombre capable de surgir dans l’intrigue à tout moment, à la fois fragile et porteuse de tous les possibles… Un double concurrent, un frère, un autre trop semblable. Le cinéma de Mankiewicz, s’il adopte la mise en scène des grands classiques, s’il fait mine d’établir des reliefs et des hiérarchies, propose en définitive une très moderne égalité de statut : le double s’y impose, la complicité remplace la fascination. Et il n’est pas toujours facile de l’admettre, de vivre avec cette ombre, ce semblable. Mankiewicz nous y invite avec ironie, élégance, et une lucidité à laquelle ces pages veulent rendre hommage.
Caractéristiques
Sommaire
Avant-propos
I. – Le frère de Sherlock Holmes
II. – L'énigme du capuchon rouge
III. – Le double jeu des images, séduire, tromper (À propos de Cléopâtre)
IV. – La scène et la modernité
V. – Les excentriques années 1950
VI. – Incarner (Sur quelques acteurs de Joseph L. Mankiewicz)
VII. – Le corps comme un secret
VIII. – Lucia, ou les incertitudes du visible (Sur L'Aventure de Madame Muir)
Autour de l'auteur
Vincent Amiel est professeur à l’Université de Caen, critique et essayiste. Il collabore régulièrement à la revue Positif, a publié aux PUF Le corps au cinéma. Il est également l’auteur d’un ouvrage sur l’esthétique du montage traduit dans plusieurs langues.