Résumé
L'œuvre de Hobbes est au centre du débat qui divise depuis la fin du XIXe siècle, historiens et philosophes sur le thème de la sécularisation de la pensée politique moderne. Considérée par les uns comme annonciatrice de l'athéisme contemporain, rattachée par les autres à l'orthodoxie anglicane de son temps, il n'existe pas d'œuvre dont l'interprétation ait subi sur ce point d'aussi grandes fluctuations.
Ce livre apporte une importante contribution dans la mesure où il met clairement en évidence le rôle joué par la théologie de la toute-puissance dans la constitution de la philosophie morale et politique de Hobbes. L'auteur établit notamment que le fondement de cette philosophie, à savoir la mort violente qui étend sa menace sur tout un chacun dans l'état de nature, constitue le corollaire de la thèse selon laquelle la mortalité naturelle procède de la volonté de Dieu de dominer les hommes par sa toute-puissance.
Après avoir exposé le ressort conceptuel de cette théologie à savoir l'absence de contrat ou d'Alliance au fondement de la dominationdivine, l'ouvrage montre en quoi la thèse d'une domination de Dieu par nature contribue à l'élaboration d'une anthropologie politique fondée sur l'égalité, au déploiement d'une politique de la souveraineté et à une critique des théologies politiques de l'Alliance. Si elle s'oppose à une interprétation linéaire du procès de sécularisation, l'étude de Luc Foisneau n'entend donc pas relancer les spéculations des théologiens politiques, mais s'attache au contraire à faire apparaître les conséquences politiques de la prise en compte par Hobbes de la mortalité humaine.
* François Noudelmann a accueilli le 15 février dernier Luc Foisneau sur le plateau de son émission Les vendredi de la philosophie sur le thème "Les passions de Hobbes".
Pour écouter l'enregistrement de l'émission, suivez le lien : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/vendredis/
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Hobbes et l’histoire de la théologie de la toute-puissance
La toute-puissance et le système de la philosophie
Le conflit des interprétations et la place des textes théologiques dans l’œuvre
Établissement des textes, traductions et conventions
Première partie NATURE, CONTRAT ET NÉCESSITÉ
Chapitre I. La rupture du contrat naturel
III.
La tyrannie de Dieu et la nécessité absolue de toutes choses
III.
Obligation envers soi-même et potentia ordinata Dei
III.
La critique de l’idée d’obligation de Dieu envers lui-même
Chapitre II. L’idée de Dieu en procès
III.
Peut-on faire entrer Dieu dans un calcul ?
III.
La rationalité comme capacité normative et arbitrale
1. La norme de parole
2. L’institution de la droite raison
3. La science et la norme du vrai
III.
Logique de la référence versus psychologisme et métaphysique de la subjectivité
1. Les passions du savant comme obstacles épistémologiques
2. La critique du sujet métaphysique de la science
3. La critique de l’idée de Dieu comme fondement de la théorie de la science
Chapitre III. Le nécessitarisme et le paradoxe de la cause entière
III.
L’argument théologique en faveur de la nécessité
III.
L’identité de la cause suffisante et de la cause nécessaire
III.
Le paradoxe de la cause entière
Deuxième partie RELIGION, MORALE ET POLITIQUE
Chapitre IV. La religion de la toute-puissance
III.
Qu’est-ce que la religion naturelle ?
III.
De regno Dei per naturam
1. Hobbes critique de Hooker
2. Pufendorf critique de Hobbes
III.
Le mal est-il un châtiment divin ?
1. La critique de la norme du juste
2. Job et le problème du mal
3. Conflit d’interprétation
IV.
Le culte de la toute-puissance
1. L’honneur et le culte de Dieu
2. La puissance comme nom divin
3. L’évolution de la théorie des noms divins
Chapitre V. L’anthropologie de la moindre puissance
III.
Qu’est-ce que la nature humaine ?
1. L’invention de l’âme
2. L’homme dans le monde animal
III.
Les méthodes de l’anthropologie
1. Anthropologie et mécanisme
2. Anthropologie et réflexion
3. Hobbes et la théorie lockienne de la réflexion
III.
Anthropologie et théologie de la puissance
1. Sensation, mémoire, signe
2. Réflexion sur les passions de la puissance
IV.
Deus sive potentia : Hobbes versus Spinoza
1. Qu’est-ce que le pouvoir ?
2. Spinoza critique de la théologie de la toute-puissance
3. Hobbes critique de Spinoza
Chapitre VI. Les deux principes du droit naturel
III.
Conservation de soi et toute-puissance
1. Conservation de soi : amour-propre ou amour de l’humanité ?
2. Obligation naturelle et conservation de soi
3. Obligation, faiblesse et athéisme
III.
La loi naturelle, le droit naturel et l’obligation de se conserver
1. Loi naturelle : sens propre, sens figuré
2. Droit naturel
3. Obligation et nécessité
III.
La déduction des lois de nature
1. Les hommes sont égaux par nature
2. Signification juridique de l’état de nature
3. Les lois de nature
Chapitre VII. La puissance absolue du souverain
III.
Pouvoir souverain et puissance absolue
1. Puissance absolue et puissance ordinaire du roi
2. Pouvoir absolu, droits et libertés des sujets
III.
De la théologie politique à la science : généalogie du concept de puissance absolue
III.
L’institution de l’État dans l’horizon de la toute-puissance
1. Souveraineté absolue et contrat
2. La fonction de la représentation
3. Institution politique et droit de résistance
4. Le droit de punir
IV.
Toute-puissanc
Autour de l'auteur
Luc FOISNEAU est chargé de recherche au CNRS, agrégé de philosophie et maître de conférence à l'Institut d'études politiques de Paris. Auteur chez Kimé de "Politique, droit et théologie chez Bodin, Grotius et Hobbes" et chez Vrin "Les questions concernant la liberté, la nécessité et le hasard", coll. Oeuvres traduites de Hobbes.