Résumé
La question que Martin Heidegger a posée à l’ensemble de la tradition occidentale est celle du sens de son concept fondamental, celui de l’être. En révélant que c’est à partir du temps que nous comprenons l’être, il a montré que la philosophie trouve son origine dans l’existence d’un être qui ne peut plus être compris, comme le veut la philosophie moderne depuis Descartes, comme un sujet centré sur lui-même. La question du temps n’est donc pas pour lui une question philosophique parmi d’autres, mais celle qui seule peut donner accès à ce qui constitue l’humanité comme telle.
Ce que Martin Heidegger accomplit en posant la question du rapport de l’être et du temps, c’est cette « révolution du mode de penser » que requiert la prise en vue de l’essentielle finitude de l’homme et de l’être. La mise en évidence de l’historialité foncière de la pensée philosophique implique que celle-ci ne puisse plus se définir comme une pure théorie et qu’elle exige un engagement existentiel qui ne la met pas à l’abri de l’erreur. C’est uniquement à partir d’une telle conception de la pensée que l’on peut comprendre l’engagement politique de Martin Heidegger, ce qui ne signifie nullement l’excuser.
Caractéristiques
Sommaire
Présentation
1. — La temporalité de l'être en tant que question fondamentale
Temps et éternité
Question de l’être et question du temps
Le sens temporal de l’être
2. — La temporalité du « Dasein » et la finitude du temps
L’interprétation du Dasein comme souci
La temporalité comme sens ontologique du souci
L’élaboration concrète de l’ontologie temporale du Dasein comme quotidienneté, historialité, intratemporalité
3. — L'inachèvement de Être et temps et la pensée de l'Ereignis
Le développement de l’ontologie temporale comme science transcendantale de 1927 à 1929
Le tournant de l’Ereignis et la conférence de 1962
Remarque sur la traduction de certains termes
Bibliographie
Autour de l'auteur
Françoise Dastur, professeur émérite à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, est philosophe.