Résumé
En dehors de quelques réalisations spectaculaires, les cultures à projet mises progressivement en place au cours des trois ou quatre dernières décennies apparaissent bien décevantes dans leurs résultats, inconsistantes dans leur devenir, peu fiables dans ce qu’elles produisent au regard de ce qu’elles annonçaient.
Pour comprendre ce dévoiement fréquent de l’intention initiale au regard des réalisations ultérieures, il nous faut revenir aux fondements des conduites à projet, tels que ceux-ci peuvent être saisis dans les récits des monographies de projet et identifier ce même petit nombre de règles à prendre en compte et à respecter pour mener à bonne fin tout projet ; délaisser ces règles, c’est pour l’auteur d’un projet se risquer à une quelconque dérive : il se fait avaler ou rejeter par le projet qu’il a tenté de mettre en place. Ce sont ces règles constitutives de toute conduite à projet qui font l’objet du présent ouvrage.
Caractéristiques
Sommaire
Liminaire
Introduction. — Des règles pour l'action, des repères pour l'acteur
Fragilité actuelle des projets réalisés
Un cadre nécessaire pour réguler l'action
Une action projetée de préférence à une activité menée
Mutation du concept d'action et avènement de la figure du projet
Les grammaires du projet comme règles méthodologiques pour comprendre ou produire des écrits
Du bon usage d'une obsession culturelle
Chapitre premier. — Le projet comme préoccupation oscillant entre le vide et le plein
Projeter, le souci d'un espace à habiter et d'un temps à aménager pour un acteur donné
Une préoccupation à double visage : conduites à projet et/ou cultures de projet
Il y a préoccupation et préoccupation
Le temps de la jachère et le risque de la friche
L'ennui, témoin des échanges incessants entre le vide et le plein
Chapitre II. — L'art de jeter et ses paronymes
L'action à l'épreuve de sa réalisation
Deux façons contrastées de jeter par le problème et par le projet
Une double réflexivité attachée au projet
Des paronymes instructifs pour qualifier l'art de jeter
Les paronymes latins du projet
Les paronymes grecs du problème
Chapitre III. — Les deux temps des conduites à projet et leurs composantes itératives
Le recours à une anticipation opératoire et ses exigences
Les étapes liées au travail de conception
Du travail de conception au travail de réalisation : l'itérativité
Les phases propres à la réalisation d'un projet
De l'acteur à l'auteur
Chapitre IV. — Les sept grandes familles de projets
Les projets individuels liés aux âges de la vie
Les projets de couple
Les projets d'objets
Les projets d'action
Les projets d'événement
Les projets organisationnels
Les projets sociétaux
Apprendre à décliner les familles de projets
Chapitre V. — Du projet personnel au projet cynique
Le recours à la préposition de dans la formulation d'un projet personnel
Le double usage de la préposition avec
Les équivoques associées à la préposition pour
Le projet sur dans la diversité de ses manifestations cyniques
La dureté du projet contre
Le dévoiement des projets et le fil rouge de la non-reconnaissance
Du bon usage des prépositions dans le lien à instaurer entre le projet et son auteur
Chapitre VI. — En guise de rose des vents, un espace quaternaire à aménager
Le projet technique issu de l'arte del disegno de la Renaissance
Le projet sociétal et son avènement au siècle des Lumières
Le projet existentiel en quête de sens
Le projet pragmatique soucieux de concilier le dire et le faire
Penser une rose des vents des projets
La figure de la rose des vents en contexte postmoderne
Chapitre VII. — Pour une sémiotique des acteurs impliqués
Retour sur l'espace sémiotique pour penser l'analogie entre l'action et son récit
Pas de projet sans un héros
Les acteurs centraux du projet
En périphérie, le problème des acteurs conflictuels
L'inertie des acteurs indifférents
Ces assujettis ou laissés pour compte de nos projets
Les postures des acteurs ne sont pas immuables
À quelles conditions une démarche de projet est-elle génératrice de lien social ?
Chapitre VIII. — Un projet peut-il se passer de programme ?
Les équivoques du pro
Le programme sans le projet
Le projet sans le programme
Le projet en réponse à une commande sociale
La variété des réponses projectives proposées face à un programme
De l'auteur au porteur de projet, la revanche du projet programmatique
Ce qui est projet pour soi est toujours programme pour autrui
Une synergie à instaurer entre programmiste et projeteur
Chapitre IX. — En guise d'évaluation, du bon usage d'une obsession
L'évaluation omniprésente qui n'empêche pas toutes sortes de dérives
Revenir à la compréhension originelle de l'évaluation
Évaluer par l'analyse ou le diagnostic de situation, un potentiel de situation à inventorier
Évaluer par la validation du travail de conception, l'art difficile de concilier les contraires
Évaluer par l'audit interne ou externe, le repérage de dysfonctionnements perturbateurs
Évaluer par la gestion des écarts entre le réalisé et le conçu au préalable, une vigilance à mettre en œuvre
Évaluer par une lecture plurielle du projet réalisé, l'art de faire la part des choses
De l'évaluation à l'analyse de projet, ou l'art de faire parler une monographie de projet
Du bon usage de la réussite et de l'échec dans les projets
Chapitre X. — Caractéristiques fondatrices des conduites et cultures de projet
Un espace peuplé d'auteurs, d'acteurs et d'assujettis
Un travail transductif à ménager entre l'espace mental et un inexistant matériel
Des contingences à prendre en compte
Des opportunités de situation à tirer des circonstances
Une solution singulière à faire émerger
Entre langage et action au sein du projet, penser une fidélité déformante
Ouverture. — Du parfum d'utopie au bon usage des paradoxes au sein des conduites à projet
Faute d'utopie, aménager des espaces paradoxaux : du paradoxe inducteur aux paradoxes induits
Les paradoxes induits par les démarches de projet
Vers un dépassement des figures paradoxales
Entre projet technique et projet existentiel, une rupture plus qu'un dépassement
Le projet ou l'antidestin face au retour de la dimension tragique
Penser une éthique de la fragilité
Références bibliographiques
Index
Liste des tableaux
Autour de l'auteur
Professeur émérite à l’Université catholique de l’Ouest (Institut de psychologie et sociologie appliquées), professeur associé à l’Université de Sherbrooke (Canada) et chercheur associé à l’Université Paris X, Jean-Pierre Boutinet est notamment l’auteur d’Anthropologie du projet (PUF, 1990, dernière éd. 2004), Psychologie des conduites à projet (PUF, 1993, 4e éd. 2004), Psychologie de la vie adulte (PUF, 1995, 4e éd. 2005), et Penser l’accompagnement adulte (dir, PUF, 2007). Ses travaux portent sur les conduites et cultures à projet, le statut de l’adulte dans nos espaces culturels de modernité tardive et sur l’actuelle mutation des temporalités.