Résumé
Deux forces expliquent le polar américain : d’un côté, une poussée littéraire populaire et démocratique, qui s’affirme dans les magazines pulp et les paperbacks du XXe siècle ; de l’autre, une réaction hostile qui entrave la démocratie et criminalise la revendication émancipatrice. Si le polar incarne la démocratisation de et par la culture, l’accès des masses à l’expression, l’élargissement de leur représentation littéraire et l’affirmation de leur parole égalitaire, il raconte en même temps la résistance sociale à ce mouvement, dans un monde où les hommes ne se révèlent pas les uns aux autres comme frères mais comme ennemis – où, comme l’écrit David Goodis, « il n’y a que deux sortes de gens : ceux qui prennent des coups et ceux qui donnent les coups ». De là, la vigueur paradoxale d’un genre qui a su, mieux qu’aucun autre, capter et exprimer les énergies contradictoires du monde contemporain.Telle est l’idée directrice de cet ouvrage qui retrace l’histoire du polar américain non seulement comme une succession de textes et d’auteurs, mais surtout comme une aventure culturelle et politique aux prises avec le monde réel.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Première partie – L’âge des pulps
Chapitre 1. « Dynamite » (Hammett et le magazine Black Mask)
Chapitre 2. « Le monde vu par les yeux d’un gangster » (W.R. Burnett)
Chapitre 3. Hollywood hard-boiled (Chandler)
Chapitre 4. La marque de Cain (James M. Cain, McCoy, Fisher, Woolrich)
Chapitre 5. Oklahoma Outlaws (Anderson, Cunningham)
Chapitre 6. Le polar antifasciste (Peter Paige et al.)
Seconde partie – L’âge des paperbacks
Chapitre 7. La nuit tombe (Goodis et al.)
Chapitre 8. Les scènes noires du paperback original (Williams, Brewer, Whittington, etc.)
Chapitre 9. Le meurtrier dans le Mayflower (Jim Thompson)
Chapitre 10. « Penser avec sa peau » (Chester Himes et le polar afro-américain)
Chapitre 11. Les tueurs du crépuscule (le polar gay/lesbien)
Chapitre 12. Le crépuscule des tueurs (le polar actuel)
Autour de l'auteur
Professeur d’études américaines à l’université Rennes 2, Benoît Tadié est spécialiste du roman noir, de l’œuvre de James Joyce et des avant-gardes. Parmi ses ouvrages, L’expérience moderniste anglo-américaine (Didier 1995) et Le polar américain, la modernité et le mal (Puf, 2006).