Résumé
Pourquoi les fraises d’hiver, produites dans la province de Huelva en Espagne, sont-elles si peu chères ? Derrière la modicité des prix d’un produit pourtant coûteux en investissements, se dresse un système basé sur l’usage de la main d’œuvre comme variable d’ajustement. Cette industrie a entre autres particularités de recourir pour de courtes durées au recrutement de femmes marocaines, issues du milieu rural et avec des responsabilités familiales, c’est-à-dire mères de jeunes enfants. Sélectionnées dans leur pays pour la supposée délicatesse de leurs mains, elles sont l’objet d’une gestion de travail fondée sur le contrôle et la discipline, leur statut de mère étant utilisé comme un moyen de les maintenir au travail et de garantir leur retour au pays. Les ouvrières marocaines vivent des conditions de travail marquées par la contrainte et la pénibilité. Malgré cela, elles souhaitent plus que tout revenir en Espagne. Pourquoi tiennent-elles tant à ce travail ? Comment comprendre cette ambivalence où cohabitent domination et émancipation ?
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
I. Global food et migration utilitaire dans la province de Huelva
II. La mécanique du pouvoir : corps captifs et contraintes spatiales
III. Domination et reconnaissance
IV. Les blessures de la fausse reconnaissance : la fin du rêve
V. Plutôt monstrueuse que perdante, portrait de l’ouvrière marocaine en cyborg
Conclusion
Autour de l'auteur
Djemila Zeneidi est géographe, chargée de recherche au laboratoire Ades (CNRS/université de Bordeaux).