Résumé
À travers l’étude du sacrifice, Hubert et Mauss s’intéressent au sacré et au rapport au sacré. Cette étude ouvre une fenêtre sur la nature de la société puisque les choses sacrées sont choses sociales. À partir de l’idée de l’unité générique du sacrifice, la démarche suppose de s’intéresser à toutes les formes de sacrifices rituels pour en tirer le schème général. Ce parti pris méthodologique comparatiste, issu de l’école durkheimienne, fait toute l’originalité de l’essai à son époque et sa pertinence de nos jours, évitant les spéculations généalogiques qui établiraient l’antériorité d’une forme sur une autre. Ce texte classique permet de formuler une série de questions toujours actuelles pour l’ethnographie.
Caractéristiques
Sommaire
Avant-Propos, par Florence Weber
Présentation, par Natacha Gagné
Préface au volume 2 de L’Année sociologique, 1896, par Émile Durkheim
Avant-Propos à la traduction anglaise Sacrifice: Its Nature and Functions, 1962, par E. E. Evans-Pritchard
ESSAI SUR LA NATURE ET LA FONCTION DU SACRIFICE, par Henri Hubert et Marcel Mauss
Les anciennes théories du sacrifice (don, nourriture, contrat) – La théorie de M. Tylor – La théorie de Robertson Smith – Explication des piacula – Explication du sacrifice-don – Compléments apportés à la théorie par M. Frazer – Doutes sur l’universalité du totémisme et sur l’existence du sacrifice totémique – Le piaculum ne dérive pas du sacrifice communiel – De la méthode adoptée – Des faits choisis
I. Définition et unité du système sacrificiel
Le sacrifice et la consécration – Le sacrifiant – Les objets du sacrifice – Le sacrifice et l’offrande – La victime. – Définition du sacrifice – Diverses sortes de sacrifices – Identité fondamentale des types les plus divers – Unité du système sacrificiel dans l’Inde – Unité du système sacrificiel chez les Hébreux
II. Le schème du sacrifice
L’entrée – l° Le sacrifiant – La dîksâ – Préparation du sacrifiant selon divers autres rituels – 2° Le sacrificateur – Ses aptitudes préalables – Précautions spéciales qu’il doit prendre – La veillée du grand prêtre hébreu avant le Grand Pardon – 3° Le lieu, les instruments – Date – Sanctuaires. – Préparation du lieu du sacrifice chez les Hindous – Le poteau sacrificiel – La victime – Espèces désignées et qualités requises – La toilette de la victime – Rites préparatoires dont elle est l’objet une fois amenée au lieu du sacrifice – Communication établie entre le sacrifiant et la victime – La mise à mort – Son caractère criminel et les propitiations auxquelles il donne lieu, – Rites divers du meurtre – La renaissance et l’apothéose de la victime – L’attribution des restes – Parts divines – Parts sacerdotales, – Cas où la destruction de la victime est complète – Les expulsions ; le bouc émissaire – Liens qui s’établissent entre le sacrifiant et la victime après le sacrifice : la communion – Les droits du sacrifiant sur la partie de la victime qui lui revient sont limités – Les suites de l’abattage dans le sacrifice animal hindou – L’idâ communielle et la transsubstantiation – Parallélisme entre les rites d’attribution aux dieux et d’utilisation pour les hommes – Solidarité de ces rites – La sortie – Élimination des derniers restes du sacrifice. Retour du sacrifiant au monde des hommes – Le « bain d’emportement » qui suit le sacrifice hindou du soma – Rites analogues chez les Hébreux
III. Comment le schème varie selon les fonctions générales du sacrifice
Des fins diverses du sacrifice – Changement d’état chez le sacrifiant et les objets du sacrifice – Cas où il s’agit d’acquérir des caractères sacrés : sacrifices de sacralisation – Cas où il s’agit de sortir d’un état de consécration préalable – Sacrifices expiatoires. – Sacrifices curatifs – Le taureau expiatoire de Budra – La sortie du naziréat – Sacrifices de désacralisation – Désacralisation des choses – Les offrandes de prémices à Jérusalem – Double mécanisme du sacrifice – Caractère complexe de la victime
IV. Comment le schème varie suivant les fonctions spéciales du sacrifice
Sacrifices personnels – Bénéfices acquis par le sacrifiant. La renaissance sacrificielle – Changement de nom au sacrifice – Le sacrifice et la vie future – Sacrifices objectifs – Sacrifices pour les constructions – Sacrifice-demande – Sacrifices agraires – Divers objets des sacrifices agraires – Les Dipolia ou Bouphonia à Athènes – Les Varuyapraghâsas – Sacrifices pour la fertilisation de la terre – Résurrection de la victime – De la suite ininterrompue des sacrifices agraires – Sacrifices agraires devenant sacrifices expiatoires – De la multiplicité des effets du sacrifice
V. Le sacrifice du dieu
De la naissance du dieu dans le sacrifice – Comment le sacrifice agraire, pris comme exemple, peut évoluer en sacrifice du dieu – Étroite relation de la victime et de l’objet du sacrifice dans les sacrifices agraires – Comment la victime prend une personnalité distincte – L’apothéose – La victime arrive déjà divine au sacrifice – L’œuvre de la mythologie – Le sacrifice mythique du dieu : il se rattache à des cultes sacrificiels. Suicide divin – Sacrifice du prêtre – Combats divins. Alternance du suicide et du combat – Parenté des deux ennemis – Parenté des dieux et des animaux qui leur sont associés, – La divinité descend au sacrifice réel – Périodicité du sacrifice divin – Parallélisme du sacrifice du dieu et du sacrifice au dieu – Le sacrifice du soma comme sacrifice du dieu – Cosmogonie et cosmologie sacrificielles
VI. Conclusion
Raisons de l’unité foncière du système sacrificiel. Complexité des sacrifices réels – Thèmes associés. Définition du sacrifice – De l’intermédiaire qu’est la victime – Pourquoi cet intermédiaire est-il nécessaire ? – De l’abnégation et du gain dans le sacrifice ordinaire – De l’abnégation totale dans le sacrifice du dieu – Choses sacrées et réalités sociales – Utilité sociale du sacrifice
Autour de l'auteur
Sociologue et historien, spécialiste des religions de l’Antiquité orientale, Henri Hubert (1872 – 1927) a consacré sa carrière à la mise en forme des collections d’archéologie et d’ethnographie comparées du musée de Saint-Germain-en-Laye.
Marcel Mauss (1872 – 1950) fut l’un des fondateurs de l’anthropologie sociale. Son œuvre s’inscrit dans l’aventure collective de L’Année sociologique, revue dont il devint le pilier après la mort de Durkheim en 1917. Elle a durablement influencé la philosophie et les sciences sociales, notamment l’anthropologie, la sociologie des sciences, la psychologie sociale, l’histoire des techniques et l’archéologie.
Série dirigée par Florence Weber, professeur de sociologie et d’anthropologie à l’École normale supérieure.
Volume présenté par Natacha Gagné, professeur d’anthropologie à l’Université Laval.