Résumé
La Real Cédula du 28 février 1789 décrète la liberté du commerce des Noirs et marque la fin de leur importation restrictive à Cuba : de trois cents nouveaux esclaves par an jusqu’en 1760, leur nombre croît de façon exponentielle et les colons font venir plus de vingt et un mille Africains chaque année entre 1815 et 1820.
Le changement introduit par la Real Cédula de 1789 aura servi de détonateur et la révolte victorieuse des esclaves de Saint-Domingue en 1791 de catalyseur. L’avidité des négriers n’aura alors d’égale que la cupidité des planteurs dans la course fiévreuse aux fabuleux profits que le sucre, le café et la chair humaine violentée pour les produire laissent déjà entrevoir. L’effondrement domingois a fait flamber les prix tandis que, dès 1792, Cuba devient la troisième productrice mondiale de sucre.
Si la mise en place du système de plantation permet à la Siempre Fiel de s’inscrire dans le marché mondial, ces pro-fonds bouleversements se répercutent sur les plans démographique, économique, politique, social et relationnel : les esclaves de Cuba en ont subi les conséquences et ont (ré)agi à leur tour sur ces situations nouvelles, jusqu’à l’abolition véritable en 1886.
Caractéristiques
Sommaire
Première partie – À partir de 1789, l’avènement de la plantation modélisante
Chapitre I – L’invasion plantationnelle
Préalables
L’avènement de la plantation, première rupture
Le règne du sucre dans le département occidental et en partie dans le département central
Le « royaume » des esclaves
Chapitre II – De multiples conséquences démographiques
Caractéristiques générales
L’énorme accroissement de la population esclave
La traite négrière à grande échelle, pourvoyeuse de main d’œuvreesclave vers les plantations cubaines
La surexploitation dans les plantations
Chapitre III – De nouveaux facteurs qui mènent à une impossible « créolisation » des esclaves
Peu de femmes esclaves
Les obstacles aux unions esclaves
Les femmes esclaves refusent d’enfanter
Conséquence majeure : une faible natalité esclave
Deuxième partie – Des diversités spatiales et temporelles
Chapitre I – Les diversités régionales : Occident / Centre et Orient
Des comportements démographiques esclaves très différents
Les spécificités orientales : une structure agro-économique différente
Pratiques et contextes particuliers de la zone orientale
Des diversités selon la nature et le mode d’agriculture pratiqués
Chapitre II – Esclaves dans les villes durant la société de plantation à Cuba
Une forte proportion d’esclaves urbains à Cuba
L’exemple par excellence, La Havane : mixité sexuelle, raciale et sociale dans la capitale
Troisième partie – Évolution de la pensée et des pratiques esclavagistes
Chapitre I – Le tournant des années 1840 : la montée de tous les abolitionnismes
L’abolitionisme britannique en direction de Cuba
Abolitionnisme des esclaves
Conséquences sur les maîtres : craintes et abolitionnisme « anti-traite »
Chapitre II – Les solutions des esclavagistes face à cette montée des abolitionnismes
La politique du « bon traitement » et l’amélioration de la reproduction esclave
Le « bon traitement », la carte de l’apaisement face aux revendications esclaves
La main-d’œuvre de substitution
Une autre réponse : L’annexionnisme aux États-Unis
Chapitre III – 1850-1860 : éléments de changement et de transition
Reprise active du trafic illégal et coût élevé des esclaves créoles
Nouveaux clivages entre gros planteurs et propriétaires moins fortunés
Chapitre IV – Le puissant catalyseur du changement de la société esclavagiste : la Guerre de Dix Ans
1868-1869 : Les débuts de l’indépendantisme et de l’abolitionnisme
1870 et la loi Moret ou Ley de Vientres libres del 4 de julio
La réponse de Céspedes : la circulaire du 25 décembre 1870
Le résultat pour les esclaves
Chapitre V – 1878 et après ? : pas d’indépendance et pas d’abolition
Zanjon y Baragua, la guerra chiquita (1879-1880)
Position de Maceo, un élan de lutte contre l’esclavage
Loi du 13 février 1880 sur l’abolition de l’esclavage à Cuba ou loi du patronato : l’apparente abolition de l’esclavage
Autour de l'auteur
Elsa Capron, ancienne élève de l’ENS Fontenay, est agrégée d’espagnol, docteur en études hispaniques et latino-américaines et maître de conférences à l’université de la Réunion. Elle est l’auteur d’une thèse sur les femmes esclaves à Cuba au XIXe siècle.