Résumé
Depuis près de trente ans, les jeunes issus des immigrations musulmanes font souvent figure de nouveaux Barbares, leur identité française se heurtant au soupçon et à la défiance. Les violences urbaines de 2005, le débat calamiteux sur l’identité nationale de 2009 et les enjeux politiques sur le voile intégral accentuent encore cette stigmatisation.
Et pourtant, à la faveur de la démocratisation de l’enseignement supérieur, une révolution tranquille et invisible fait naître peu à peu une classe moyenne musulmane qui se construit une identité intégrée et complexe, l’ethnicité devenant plus symbolique et affective, et le rapport au religieux, très individualisé, dans un contexte paradoxal marqué par la stigmatisation de ses « différences » et la valorisation de sa « diversité ».
Dans un tel cadre social et politique marqué de surcroît par la déstructuration des communautés d’origine, comment l’identité de ces étudiants ou de ces jeunes professionnels se déploie-t-elle entre discours publics et propos privés ? Dans quelle mesure, des banlieues à l’Université, la mobilité sociale affecte-t-elle la vision que ces enfants d’Islam et de Marianne ont d’eux-mêmes et de la place qu’ils sont amenés à tenir dans la société ?
Caractéristiques
Sommaire
Préface, par Catherine Wihtol de Wenden
Introduction
PREMIÈRE PARTIE. — « DIFFÉRENCES » ET ESPOIRS D'UNE ASCENSION PAR L’ÉCOLE
I. Les acteurs de la construction des « différences »
Les parents et l'ethnicité
Les autres agents de socialisation
II. Ascension sociale et mise en scène des « différences »
L'école, instrument de l'ascension sociale
Mobilité sociale individuelle et rapport aux « différences »
SECONDE PARTIE. — L'ETHNICITÉ DANS LE TEMPS ET DANS L'ESPACE
I. Émergence d'identités collectives dans l'espace public
Phénotype ou culture ?
Rapports au religieux
Colonisation et immigration : entre demande de mémoire et contestation
II. Une citoyenneté ordinaire ou différenciée ?
Quelle participation citoyenne ?
Intégration, discrimination positive ou diversité ?
De 1983 à aujourd'hui : égalité ou droit à la différence ?
III. Vers une ethnicité pratiquée en pointillé ?
Consommations spécifiques au quotidien
Rites de passage : le mariage et les naissances
Conclusion
Annexe I. Quelques profils d'enquêtés
Annexe I. Chronologie
Bibliographie
Autour de l'auteur
Docteur en sciences politiques, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’INALCO, Leyla Arslan est chargée d’études à l’Institut Montaigne.