Résumé
Eikôn est l’image qui ne s’expose pas mais se dit, chez Platon, de la réalité que recouvre l’aspect. Le rôle de cette image est de rendre l’être visible dans le reflet de l’apparaissant. Eikôn se dit donc de tout ce que le regard distingue comme réel ou vrai dans la saisie du visible. Il va de soi que cette image ne se montre pas pour elle-même ; elle ne montre que ce qu’elle signifie.
Pour les auteurs cappadociens de la fin du IVe siècle, eikôn désigne la possibilité d’une image de Dieu, de l’homme, de toute chose créée. Non trait pour trait, comme un dessin, ni présence de substitut, mais identité différée du réel ou du vrai qui rend vive la relation entre l’objet du regard et le sujet qui découvre l’image en lui-même en considérant tout ce qui lui est donné à voir.
Dieu parle visiblement, selon Basile de Césarée. Dès lors, le visible est le lieu de la réciprocité entre présence et signification de l’être, à condition de saisir cette révélation dans l’immanence des actes propres du langage, en préservant ainsi l’absolu de la transcendance. Tout en citant Basile, les Byzantins aboliront la condition linguistique signifiée par eikôn et appelleront « icône » l’image qui expose le divin sous les traits de l’homme. Depuis, l’audace d’un tel dévoilement n’a de cesse d’attiser la réflexion.
Caractéristiques
Sommaire
Avant-propos
Prologue. — Identité différée, réflexion, altérité
Platonisme : philosophie, théologie ou rhétorique ?
L’image-eikôn
Introduction. — Parler en philosophe : usage commun et langage du genre
Platonisme chrétien ou christianisme platonicien ?
Domaines de choix et vérité du discours
Chapitre premier. — Grégoire de Nazianze à la recherche du langage approprié
Le partage des rôles
Langage par-dessus bord
Crispation de la métaphore
Chapitre II. — La comparaison et l’image selon Grégoire de Nysse
Une eikôn édifiante (à la recherche de l'image adéquate pour parler du corps et de l’âme)
Kosmos et logos (intermezzo)
Eikôn et miroir comme médiations entre l’homme et Dieu
L’auto-référence ou la limite d'une eikôn (détour par Athanase d’Alexandrie)
Conclusions à mi-parcours
Chapitre III. — Eikôn et eidôlon (aperçu théorique)
L’image et l’invisible
Opposition et changement de paradigme
La connaissance et les pouvoirs de l’objet visible
Chapitre IV. — Basile de Césarée et le principe du miroitement. Image de personne dans la Trinité
Le rôle théologique et l’ambiguïté de l'eikôn
Eneikonizô : s’entre-refléter iconiquement
La lettre et l’image : sens littéral et contemplation
Chapitre V. — L’icône de l’autre, chez Basile de Césarée
Identité et exercice de la ressemblance
L’autre dans le même
Épilogue. — Pouvoir de l’image
Le regard aveugle et la forme esclave
L’ombre et la lumière (précision finale)
Ouvrages cités
Index des auteurs anciens
Index des auteurs modernes
Index des œuvres anciennes
Index des occurrences bibliques
Autour de l'auteur
Anca Vasiliu est directeur de recherche au CNRS, Centre Léon-Robin sur la pensée antique, Paris-Sorbonne. Elle est notamment l’auteur de Dire et voir. La parole visible du Sophiste (Vrin, 2008, prix « Zographos » des Études grecques 2009), Du diaphane. Image, milieu, lumière dans la philosophie antique et médiévale (Vrin, 1997) et de La traversée de l’image (Desclée de Brouwer, 1994).