Résumé
Les « relations internationales » à l’époque médiévale ont constitué un champ de recherches privilégié au XIXe siècle et jusqu’aux premières décennies du siècle suivant. Inspirés par la conception positiviste d’une histoire fondamentalement événementielle et institutionnelle, ces travaux ont connu, tout particulièrement en France, un discrédit de plus en plus profond au cours du XXe siècle. Ces dernières années cependant, à l’étranger comme en France, l’histoire des « relations internationales » et de la diplomatie a été l’objet de nouvelles études majeures, qui rompent radicalement avec les conceptions qui présidaient à la rédaction des ouvrages anciens. Elles adoptent une perspective d’anthropologie politique, écrivent à nouveaux frais l’histoire des relations entre rois, princes et puissants à la lumière des acquis de l’historiographie de la résolution des conflits, éclairent le fonctionnement concret du travail des ambassadeurs et montrent le caractère décisif qu’il a eu pour la pratique des « relations internationales ». Le nombre et l’importance de ces publications nécessitaient qu’un ouvrage d’ensemble donne une synthèse des études déjà publiées, et ouvre de nouvelles pistes à l’intérieur de ce champ de recherches.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre I – les acteurs des relations internationales
I) La dissolution des structures carolingiennes (vers 830 - vers 1030)
A) La fin de l’empire carolingien et la naissance des royaumes
1) Le partage de Verdun en 843 et la naissance des royaumes
2) la stabilisation des royaumes et la fin du monopole dynastique carolingien
3) L’évolution interne des royaumes du Xe au XIe siècle
B) L’émergence des principautés dans le cadre de la dissolution de l’ordre carolingien
C) l’émergence de nouveaux royaumes
II) Vers l’Europe des rois, des princes et des cités-états (vers 1050 – vers 1350)
A) Grandeur et éclipse des pouvoirs universels
B) L’Europe des rois : la consolidation politique des royaumes et ses limites
1) Le roi « empereur en son royaume »
2) Vers l’« état moderne »
3) Règles successorales et naissance des dynasties royales
C) L’Europe des princes
1) la nouvelle géographie politique
2) La construction interne de ces principautés et seigneuries
a) la construction territoriale et administrative
b) la construction idéologique
D) L’Europe des villes-états
III) L’ordre dynastico-territorial à l’épreuve : vers 1350-vers 1500
A) Poursuite de la construction étatique
B) Rivalités et conflits entre dynasties et états
1) Le royaume de Pologne et l’Ordre teutonique
2) La guerre de Cent ans et la lutte des maisons de France et d’Angleterre
3) La lutte des maisons de France et d’Autriche
C) L’ordre dynastique et territorial ; un triomphe et ses limites
Chapitre II : Les cadres des échanges
I) Les voies de transport
A) Les routes
B) Les voies d’eau
C) Les mers
II) Les cadres linguistiques des échanges
A) Un paysage linguistique complexe
B) Les langues et le travail linguistique en diplomatie
III) Pratiques de l’écrit par les pouvoirs
A) Contexte général : des césures importantes
B) De l’importance des lettres
1) La diffusion accrue de la pratique épistolaire
2) Persistance et mutations des formes épistolaires
C) Archives et diplomatie
1) Evolution générale
2) Archiver la diplomatie
3) Les archives, instrument de puissance diplomatique
Chapitre III – Amitié et relations internationales
I) Amicitia
II) Rencontres princières et relations internationales
A) La fréquence des rencontres princières
B) La finalité des rencontres princières
C) L’organisation des rencontres de princes : aspects matériels et protocolaires
1) Le choix du lieu
a) Rencontres sur la frontière
b) Rencontres à l’intérieur du pays d’un des deux princes
2) Problèmes de logistique et de sécurité
a) La logistique et le coût des rencontres princières
b) les problèmes de sécurité
3) les problèmes de protocole
D) Les paroles, les gestes et les rites créateurs de l’amitié et de l’amour
1) La salutation des princes
2) Les gestes de proximité physique comme preuves d’amitié et d’amour
3) L’entretien « secret » des deux princes
4) La remise de cadeaux
5) Réjouissances diverses
E) La dynamique d’une rencontre princière
F) Déclin ou transformation de la nature des rencontres princières à la fin du Moyen Âge ?
1) Une diminution du nombre de rencontres ?
2) Une autre signification des rencontres de princes ?
3) Les rencontres princières : des échecs ?
G) L’échange épistolaire et l’envoi de cadeaux : rencontre à distance et substitut aux entrevues de princes ?
1) Écrire
2) Adresser des cadeaux
III) Les mariages
A) Le mariage comme lien social entre princes
B) Les enjeux politiques des mariages princiers : l’union de deux familles et de deux territoires
1) Conclure la paix et nouer une alliance
2) Le prestige d’une alliance avec un sang prestigieux
3) Les dots
4) Espoirs d’héritage et transferts territoriaux
C) Stratégies matrimoniales
1) L’importance de l’enjeu et les critères du choix
2) Les « décideurs » dans les affaires matrimoniales
3) Des choix sources de tensions et conflits
4) Changer d’avis ?
D) Mariages, transferts culturels et relations internationales
E) Mariage et relations internationales : un bilan
F) Des substituts au mariage : adoption, parrainage, conclusion d’un lien vassalique
Chapitre IV : ambassades et ambassadeurs
I) Les conceptions médiévales
A) De la difficulté de distinguer les ambassades et les ambassadeurs (VIIIe-XIIe siècle environ)
B) XIIe-XVe siècle : l’âge des distinctions ?
C) Les qualités attendues des envoyés
II) Des hommes choisis
A) Modalités de désignation
B) Des ambassades variées
C) Les documents remis aux ambassadeurs
D) Des hommes de confiance, proches du pouvoir
E) Des clercs, des religieux et des nobles
F) Autres hommes, autres compétences
G) Des spécialistes ?
III) Les ambassades, un monde en chemin
A) Des ambassadeurs sous protection
B) Le financement des voyages
C) D’intenses préparatifs
D) De singuliers voyages
IV) Un temps de rencontres et d’échanges
A) Les conditions du séjour
B) Au rythme des audiences et des entretiens
C) L’ordre politique à l’épreuve
D) Expériences (et connaissance) de l’étranger
E) Les profits de la diplomatie pour les ambassadeurs
V) Le laboratoire italien du Quattrocento
Chapitre V) Traités et relations internationales au Moyen Âge
I) Conclure un traité
A) Étapes, rites et formes de la conclusion d’un traité
1) Préparer le traité
2) La forme diplomatique des traités
3) Ratifier le traité
4) L’annonce publique du traité
5) Les traités conclus sans rencontres des princes
B) Qui conclut et qui s’engage dans un traité ?
C) Les garanties de respect d’un traité
1) Les garanties normales des traités
a) Les témoins
b) la conservation de l’écrit
c) La crainte du parjure
2) Les garanties « extraordinaires » de respect d’un traité
a) menaces de sanctions financières
b) Remise d’otages
c) engagements des témoins du traité ou des sujets du prince à obliger leur prince à le respecter
d) Reconnaissance aux sujets d’un droit de résistance
D) les traités ont-ils valeur perpétuelle ?
II) Les différents types de traité
A) Trêves et traités de paix
1) trêves
2) Paix « perpétuelles » ou « finales »
B) Traités d’alliance
C) Traités politiques entre inégaux
1) Traités de protection
2) Vassaux, fiefs de bourse, soldes
3) Pensions
D) Traités commerciaux
Questions et débats
I. Les historiens, la diplomatie et les relations diplomatiques au Moyen Âge. Un essai d’historiographie (occidentale) comparée
A) Un objet légitime de recherche pour des historiographies nationales concurrentes
B) Le temps des remises en cause
C) Regains
1) Des acteurs diplomatiques nombreux et divers
2) Diplomatie et pouvoirs : nouvelles approches
3) Échanges, interactions, négociations
D) Perspectives
II. L’information sur l’étranger
A) Des pouvoirs et des hommes (inégalement) informés
1) Des connaissances préalables
2) Des foyers communs d’information
3) Des horizons et des « politiques de l’information » différenciés
4) La circulation contrastée des informations
5) Transmissions secrètes
B) Espionnages
1) Les mots, les figures, les hommes
2) L’espionnage, une histoire politique, une histoire de conflits
3) Les travaux du secret
C) Des usages de l’information sur l’étranger
1) S’informer pour décider
2) Mobiliser ?
3) Lutter
III. Négociation et arbitrage comme mode de résolution des conflits internationaux ?
A) Négocier
1) La rareté des sources
2) Une négociation omniprésente mais qui n’a pas de nom spécifique
3) La « négociation » impossible ?
a) La pratique de la négociation et ses difficultés
b) La négociation : un échec annoncé
4) Rendre possible la négociation ?
a) L’importance du secret
b) Invoquer la paix pour justifier des sacrifices
c) Le recours aux experts
B) Arbitrer
1) L’arbitrage comme procédure de règlement des conflits
2) le fonctionnement de l’arbitrage dans les relations internationales
a) les deux procédures d’arbitrage international
b) la procédure de l’arbitre unique
c) les arbitrages rendus par des commissions paritaires
Conclusion
IV. Existe-t-il un droit international ?
A) À la recherche d’un ordre international des royaumes et des peuples ?
B) Existe-t-il des règles régissant les relations diplomatiques ? « Droit de faide », « guerre juste » et ébauche d’un droit international
1) Un code implicite connu de tous : le « droit de faide »
2) L’Église et la guerre juste
3) Un droit international fondé sur des règles précises ?
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
Index
Autour de l'auteur
Jean-Marie Moeglin est agrégé d’histoire, ancien élève de l’École normale supérieure et ancien membre de l’Institut universitaire de France. Il est professeur d’histoire du Moyen Âge à l’université Paris-Sorbonne et directeur d’études à l’École pratique des hautes études.
Stéphane Péquignot est agrégé d’histoire, ancien élève de l’École normale supérieure et ancien membre de la Casa de Velázquez. Il est maître de conférences en histoire du Moyen Âge à l’École pratique des hautes études et chercheur associé à l’Université nouvelle de Lisbonne.