Résumé
On a pris l’habitude de voir en l’analyse un instrument logique de décomposition et de clarification des concepts, confirmant du même coup l’évaluation critique qu’en a donnée Kant : l’analyse est un procédé stérile qui ne contribue en rien à l’expansion et au renouvellement des connaissances.
Soulignant la cohérence de ses emplois historiques, le présent ouvrage cherche au contraire à rétablir l’analyse en sa fonction inventive : de l’Antiquité au XVIIe siècle, la méthode analytique constitue, en effet, une solution aux insuffisances de la déduction logique ; s’appuyant sur la construction et le déchiffrement des figures, elle offre une voie à la fois détournée et probante pour la résolution des problèmes.
Descartes est l’héritier de cette tradition, mais il est aussi, à maints égards, l’artisan de la conception moderne de l’analyse dont il a fait la voie privilégiée de la connaissance de soi dans les Méditations métaphysiques. Accomplissement heuristique de « l’ordre des raisons » mais aussi aventure temporelle inscrite dans la durée féconde de la méditation, l’analyse se révèle alors l’instrument d’une raison radicalement inventive.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
PREMIÈRE PARTIE. – FIGURES ET INDICES. LA PREUVE ANALYTIQUE DANS LA PHILOSOPHIE DE L’ANTIQUITÉ
Chapitre I. La pratique de l’analyse chez Aristote et Galien
1. Analyse et figures du syllogisme
2. La construction analytique de la délibération
3. Force de preuve : la méthode analytique chez Galien
Chapitre II. Une irrésistible ascension. L’analyse et sa « structure de renvoi » dans le néoplatonisme
1. La montée vers l’intelligible
2. L’analyse comme mimèsis de la conversion
DEUXIÈME PARTIE. – L’ANALYSE DES EFFETS. À LA RECHERCHE D’UNE PHYSIQUE APODICTIQUE
Chapitre III. La genèse de la démonstration a posteriori chez les commentateurs d’Aristote
1. L’invention de l’effet : du tekmèrion à l’effectus
2. Vers la démonstration ab effectu : l’apport de la philosophie arabe
Chapitre IV. La conception padouane de la resolutio physica et son aporie
1. L’idée de la « double procédure »
2. L’insuffisance de l’effet : resolutio et negotiatio
TROISIÈME PARTIE. – LE NOUVEAU DISCOURS DE L’ANALYSE. OU LE RETOUR DES GÉOMÈTRES
Chapitre V. La révolution algébrique de l’analyse
1. « Vera analysis ». La transformation initiale de l’analyse géométrique
2. Le nouveau modus operandi de l’analyse
Chapitre VI. La reconfiguration cartésienne de l’analyse anlgébrique
1. La méthode de réduction et l’aporie de la déduction indirecte
2. La genèse analytique de l’équation ou la transformation des problèmes
3. Analyse et configurations linéaires en 1637
QUATRIÈME PARTIE. – L’ANALYSE DE SOI COMME VOIE DE LA PHILOSOPHIE PREMIÈRE
Chapitre VII. « Tanquam a priori ». Autour des Secondes Réponses
1. Du projet des Méditations aux Secondes Réponses : le modèle de la géométrie
2. « Post Analysim ». Sur une difficulté classique du cartésianisme
Chapitre VIII. « Modus scribendi analyticus ». Les étapes de l’argumentation métaphysique
1. L’usage de la suppositio : de l’impossibilité d’instaurer le doute
2. L’analyse de soi : de l’énumération comme voie apodictique
Chapitre IX. « Une attention singulière ». De la nécessité de l’effort intellectuel
1. Finitude et attention intensive
2. Le temps de l’analyse
Conclusion
Autour de l'auteur
Ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégé et docteur en philosophie, Olivier Dubouclez mène actuellement des recherches en histoire de la philosophie classique et sur la littérature contemporaine.