
Résumé
Y a-t-il une esthétique cartésienne ? La question, rarement abordée, mérite pourtant que l’on s’y attarde et que l’on étudie avec attention les écrits de Descartes, afin d’y découvrir la trace d’une éventuelle réflexion sur le beau. Force est de constater, toutefois, que les textes les plus célèbres ne ménagent guère de place à une esthétique explicite ; absence d’autant plus troublante que l’un des premiers ouvrages de Descartes, L’Abrégé de musique, avait entamé une analyse de la beauté et de sa réception par le sujet. Les analyses du présent ouvrage s’enracinent donc dans ce texte inaugural et dessinent les contours de ce qui semble être l’esthétique cartésienne. C’est à une double confrontation que celle-ci se trouve soumise : d’abord comparée aux textes ultérieurs de Descartes lui-même, elle est également mise en parallèle avec les écrits théoriques de Poussin et Le Brun afin de cerner aussi bien la singularité cartésienne que son éventuelle postérité. Enfin, l’admiration fait l’objet d’une analyse soutenue destinée à révéler les deux registres esthétiques présents dans l’œuvre cartésienne.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Retour sur un topos herméneutique
Chapitre I : Y a-t-il un rapport sensible à l’objet ?
§ 1 : Une exigence méthodologique : partir de l’esprit
§ 2 : L’esprit cartésien est-il capable du sensible ?
§ 3 : Les ambiguïtés du sensible
§ 4 : Monde sensible et appréhension phénoménale : le cas kantien
§ 5 : Qu’est-ce qu’une faculté ? La partition kantienne de l’esprit
§ 6 : L’esprit éclaté et le remède du schématisme
Chapitre II : La spécificité de l’esthétique cartésienne
§ 7 : Une esthétique de la delectatio
§ 8 : Examen de la singularité cartésienne : a-t-il existé une esthétique de la delectatio avant Descartes ?
§ 9 : Un traité humaniste et post-cartésien : le Traité sur la peinture de Bernard Dupuy du Grez
§ 10 : Le nominalisme du beau
§ 11 : Agrément, plaisir, beauté
§ 12 : Le plaisir cartésien comme auto-affection de l’âme
Chapitre III : Le semi-cartésianisme de Poussin
§ 13 : Esthétique cartésienne ou cartésianisme esthétisé ?
§ 14 : Poussin et l’esthétique de la délectation
§ 15 : Poussin face à l’introuvable beauté cartésienne : un semi-cartésianisme
Chapitre IV : L’introuvable cartésianisme de Le Brun
§ 16 : La théorie artistique de Le Brun : primauté du dessin sur le coloris
§ 17 : L’introuvable obscurité de la couleur cartésienne
§ 18 : Esthétisation d’un cartésianisme reconstruit
§ 19 : Substance de la peinture cartésienne : le cartésianisme esthétisé contre l’esthétique cartésienne
Chapitre V : Les deux régimes « esthétiques » cartésiens
§ 20 : Un cas particulier des passions cartésiennes : l’admiration
§ 21 : Esthétique ou callistique cartésienne ?
Conclusion. De la beauté des idées cartésiennes
Autour de l'auteur
Thibaut Gress est ancien élève de l’École normale supérieure et docteur en philosophie. Professeur de philosophie au lycée, il dirige le site Actu-Philosophia qu’il a créé. Il est l’auteur de Apprendre à philosopher avec Descartes (Ellipses) et de Descartes et la précarité du monde (CNRS Éditions).