Résumé
Les phénomènes apparaissent-ils toujours selon la calme adéquation en eux de l'intuition avec la signification, voire, plus souvent, avec un déficit d'intuition ? Ou bien certains — les phénomènes saturés — n'apparaissent-ils pas plutôt grâce au surcroît irrépressible de l'intuition sur tous les concepts et toutes les significations que l'on voudrait leur assigner ?
Cette question avait surgi du principe « Autant de réduction, autant de donation » (dans Réduction et donation. Recherches sur Husserl, Heidegger et la phénoménologie, 1989) et conduit à dégager la donation, telle qu'elle déplie ce qui se donne et ce qui se montre (avec Étant donné. Essai d'une phénoménologie de la donation, 1997).
Reste, une fois ces acquis répétés, à étudier en eux-mêmes chacun des quatre types de phénomènes saturés : l'événement (saturé selon la quantité), l'idole ou tableau (saturé selon la qualité), la chair (saturée selon la relation) et enfin l'icône ou visage d'autrui (saturé selon la modalité). Il devient alors pensable d'étudier leur combinaison dans ce qu'on doit thématiser comme un phénomène saturé à la puissance, un paradoxe des paradoxes — le phénomène de révélation. En l'occurrence, il s'agit de comprendre (contre une féconde critique de J. Derrida) les trois moments de la théologie mystique (affirmation, négation, hyperbole) non seulement comme l'accomplissement d'un phénomène saturé exemplaire, mais encore comme la répétition de toute phénoménalité de l'excès.
De surcroît donc. Parce qu'il s'agit de l'excès du donné qui se montre. Parce qu'il s'agit aussi de l'exposer une nouvelle fois.
Caractéristiques
Sommaire
Avertissement
Chapitre premier. — Phénoménologie de la donation et philosophie première
De la primauté en philosophie
Les deux premières philosophies premières
La troisième philosophie première
La phénoménologie comme possibilité d'une autre philosophie première
La donation, dernier principe
D'un usage de la donation en théologie
Chapitre II. — L'événement ou le phénomène advenant
Ce qui se montre et ce qui se donne
Le soi du phénomène
Le temps du soi
L'ego dans la réduction au donné
La résistance au révélé
Chapitre III. — L'idole ou l'éclat du tableau
Voir ou regarder
L'admiration de la peinture
Le cadre du tableau
Le plus apparent
Ce que masque l'idole
Chapitre IV. — La chair ou la donation du soi
Le corps sentant
« Le plus originairement mien »
Souffrance, plaisir, vieillissement
La facticité individuante
Absous de toute relation
Chapitre V. — L'icône ou l'herméneutique sans fin
Le visible en défaut
Le visible en excès
Le paradoxe du visage
Envisager
L'herméneutique à l'infini
Chapitre VI. — Au nom ou comment le taire
« Métaphysique de la présence » et « théologie négative »
La troisième voie : dé-nommer
La louange et la prière
Autrement qu'être
Le privilège d'inconnaissance
Le phénomène saturé par excellence
Notice bibliographique
Index nominum
Index rerum
Autour de l'auteur
Jean-Luc Marion est professeur à l'Université de Paris IV - Sorbonne. Il a repris la direction de la collection "Epiméthée" depuis 25 ans (2001) et a publié de nombreux ouvrages dont certains sont repris dans la collection "Quadrige"