Résumé
À partir des années 1850, une véritable « internationale raciologique » voit le jour au sein des sociétés occidentales : des sociétés savantes apparaissent, des cours sont dispensés, des revues et des ouvrages sont publiés, des musées exposent des collections de crânes, des cerveaux momifiés aux côtés d’objets ethnologiques. Animée par une approche classificatoire, cette nouvelle science se dote de méthodes et d’outils anthropométriques afin d’appréhender la diversité physique et culturelle de l’homme.
Cette science, qui s’institutionnalise au moment où les identités collectives prennent comme référence centrale la nation, a directement participé à la construction des identités nationales au sein d’États aussi divers que la France laïque et républicaine, les monarchies constitutionnelles, la Russie tsariste puis communiste ou encore la Turquie kémaliste. Dans un contexte d’exacerbation des rivalités nationales, elle a renforcé la crédibilité des mythes identitaires (gaulois, anglo-saxon, aryen…), en leur apportant une caution scientifique.
Caractéristiques
Sommaire
Première partie. — L’internationale raciologique
Un processus similaire d’institutionnalisation
Science et politique
Une doxa commune
Collaborations transnationales
National versus international ?
Deuxième partie. — Le roman anthropologique : nos ancêtres les Gaulois
Racialisation d’un mythe
Le roman anthropologique
Controverses scientifiques franco-allemandes
Race et ethnogénèse chez les intellectuels de la République
Troisième partie. — Germains et Anglo-saxons
Anglo-saxonnisme en terre britannique
Races et « Destinée manifeste » aux États-Unis
L’anthroposociologie ou la construction d’un projet socio-politique transnational
La contre-offensive des Latins
Les évolutions durant l’entre-deux-guerres
Conclusion
Autour de l'auteur
Chercheur associée au Centre de recherche en histoire du XIXe siècle Paris 1-Paris 4 et membre de la MSH Paris-Nord, Carole Reynaud-Paligot enseigne au sein des Universités de New York et de Californie à Paris. Elle est l’auteur de : Parcours politique des surréalistes 1919-1969 (Éditions du CNRS, 2001), La République raciale 1860-1930. Paradigme racial et idéologie républicaine, Paris, PUF, 2006 et Races, racisme et antiracisme dans les années 1930, PUF, 2007.