Résumé
La pensée occidentale est en crise, tant dans sa rationalité que dans ses valeurs. Si elle connaît aujourd’hui une problématisation aussi profonde, c’est que son fondement même s’est écroulé. La problématisation, qu’on le veuille ou non, est devenue notre destin, la nécessité incontournable qu’il faudra bien théoriser.
Depuis plusieurs siècles, le Cogito était considéré comme le fondement ultime de la pensée et incarnait le modèle formel de toute réponse. La conscience, en cessant d’être ainsi l’originaire de la rationalité occidentale, a cédé peu à peu la place à des remises en question de plus en plus radicales, oscillant entre le nihilisme, avec son culte de l’indicible, et le scientisme, avec son espérance de voir la science tout résoudre par sa rigueur et ses résultats.
La philosophie du questionnement prend donc la problématicité des êtres et des choses comme nouveau point de départ, comme une positivité à concevoir comme telle. Elle met en forme la diversité interrogative, en la pensant non plus comme un mal, mais comme la nature même de la pensée. Entre Socrate, qui questionnait sans répondre, et Platon, qui répondait sans plus se soucier du questionnement, la problématologie ouvre une troisième voie. Mais pour saisir sa propre émergence, elle doit d’abord se pencher sur l’histoire de sa propre impossibilité jusqu’à aujourd’hui, et en étudier les expressions de substitution, au travers des grandes philosophies. Car philosopher, c’est questionner, même si cela n’a pas consisté pour ces pensées à questionner le questionnement.
Caractéristiques
Sommaire
Préface à l'édition « Quadrige »
Note liminaire
Introduction
I. Qu'est-ce qu'un problème philosophique ?
II. Dialectique et interrogation
III. De la rationalité propositionnelle à la rationalité interrogative
IV. Méditations sur le logos
V. De la théorie à la pratique : l'argumentation et la conception problématologique du langage
VI. Pour une conception intégrée du sens : du littéral au littéraire
VII. Du savoir à la science
Conclusion. Peut-il encore y avoir une métaphysique ?
Autour de l'auteur
Michel Meyer enseigne la philosophie et la rhétorique à l’Université libre de Bruxelles. Il dirige la Revue internationale de philosophie et est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Le philosophe et les passions (2007) et La petite métaphysique de la différence (2008), ainsi que, récemment, Principia Moralia (2013). Son nom est surtout associé à une nouvelle philosophie, la problématologie, dont cet ouvrage est le livre fondateur et dont le maître-ouvrage est Questionnement et historicité (2000), où le questionnement est enfin dirigé sur lui-même.