Résumé
Le terrorisme djihadiste révèle les peurs secrètes des sociétés démocratiques : la crainte d’une division de la Cité et d’une dislocation du monde, d’un pouvoir abandonné par l’autorité et d’un droit dépassé par le fait. Parce qu’il ne vise plus seulement à atteindre l’intégrité territoriale d’un État mais l’intégrité morale de la société en niant radicalement ses mœurs, ses manières de vivre et ses principes politiques, il menace la nature même de la démocratie.
Placées ainsi sous pression, nos démocraties se trouvent exposées au couperet d’une double injonction : une réaction sécuritaire excessive au mépris de la liberté qui les fonde, ou la capitulation, que serait une trop grande clémence. Pour dépasser cette alternative, il faut opposer à la dialectique de la guerre et de l’état d’exception le fil rouge d’une épreuve démocratique qui met sous stress la Constitution et les institutions. Car les armes à opposer au terrorisme ne sont pas seulement guerrières, policières ou procédurales : elles reposent sur notre capacité à cultiver les vertus démocratiques de résistance et de sérénité.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre 1 – Le traumatisme de l’attentat
Un fait qui détruit l’espace et le temps
Un fait dans lequel sens et réalité se confondent
Une politique en miroir de l’attentat
Chapitre 2 – La crainte d’une dislocation du monde
Un monde disproportionné
Une comparaison sans commune mesure
Un monde plus violent
La diffusion des conflits
Retour à un monde pré-politique ?
La mondialisation en béance symbolique
Chapitre 3 – L’angoisse d’un effondrement de la Cité
Une violence radicale
Il n’existe pas de « profil terroriste »
Une coproduction de l’Islam et de la modernité
Une utopie contre-démocratique
Un défi à la philia politique
Chapitre 4 – Comment rendre justice à ces attentats??
L’exécution préemptive des terroristes
Une justice préemptive ?
Le nœud coulant de la réponse sécuritaire
Chapitre 5 – Le stress post-traumatique des institutions démocratiques
Justice ordinaire, droit de la guerre, état d’urgence : trois cadres inadaptés
L’état d’urgence
Qui est le mieux placé pour faire face au défi du terrorisme global ?
Servitude volontaire ou clivage impensé ?
Comment vaincre le stress des institutions démocratiques ?
Conclusion
Autour de l'auteur
Antoine Garapon, magistrat, secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice, est l’auteur de nombreux ouvrages sur la justice et la démocratie, dont récemment, avec Pierre Serban-Schreiber, Deals de justice (Puf, 2014).
Michel Rosenfeld est professeur de droit constitutionnel et de philosophie du droit à Cardozo Law School (New York), fondateur de l’International Journal of Constitutional Law, auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs traduits en français, notamment Les interprétations justes (LGDJ/Bruylant, 2000).