Résumé
En sciences de gestion, la dimension humaine de l’activité est généralement invisible derrière les enquêtes, les données et les chiffres. Mais qui sont réellement les managers ? Leur action vivante brille par son absence, pensés qu’ils sont à l’aide des seuls outils statistiques et de mesure.
Ghislain Deslandes suggère de prendre la subjectivité sensible des individus comme point de départ de l’analyse de la condition managériale, au détriment des grandes catégories de représentations habituelles (ressources, images, discours…) dont il fait la critique. Il repense ainsi le management en insistant sur la dialectique de la force et de la vulnérabilité ; son pouvoir de contrainte, d’imitation et d’imagination ; et son cadre d’action, situé dans un quadruple souci de soi, des personnes, des institutions et de l’environnement. Ces différentes notions permettent d’éprouver une compréhension plus profonde du management, défaite de l’obsolescence des recommandations tayloriennes comme des ordonnances surannées et douteuses du management « scientifique ».
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Vers une approche phénoménologique du management
Oublier Taylor
Première partie – Du proto-management au conflit des interprétations
Chapitre I – Le management comme problème philosophique
Chapitre II – Philosophie « continentale » et post-management
Chapitre III – Les cinq sens du management
Le management comme technique
Le management comme science
Le management comme pratique
Le management comme éthique
Le management comme politique
Deuxième partie – Repenser le management
Chapitre I – Les organisations et le corps subjectif
Généalogie du soi au sein des critical management studies
La phénoménologie de la vie de Michel Henry
Soi charnel vivant et corps subjectif
Soi vivant charnel versus souci de soi
Implications politiques, éthiques et managériales
Chapitre II – « Desaffectio societatis »
De l’affectio societatis à la désaffection individuelle
Le concept d’affectivité selon la perspective de Michel Henry
« Societatis » : la question de l’agir collectif et du rôle social
Implications politiques et éthiques de la desaffectio societatis
Chapitre III – Le vécu individuel à l’heure de l’accélération sociale
Vécu individuel et accélération
Mouvement pan-organisationnel et nouveaux mondes bureaucratiques
Accélération, vécu individuel et oubli de la vie
Phénoménologie de la vie et management
Troisième partie – Reconstruire le management
Chapitre I – De l’impuissance des puissants
Le paradoxe de l’excellence
La double polarité du management : comme activité et comme charge
Le management comme règne
Le management comme charge
Le point de vue anthropologique : entre capacités et incapacités
Chapitre II – Travailler sans joie ?
Philosophie et travail
Travail et joie
Souffrance et management
Le management face à l’être du travail
La dialectique de la souffrance et de la joie au travail
Joie et coopération
Chapitre III – Redéfinir la « gestion »
Une force (la « main visible » des managers)
Une force vulnérable, soumise à la pression du chiffre
Une force vulnérable, soumise à la pression du chiffre, et dotée d’un triple pouvoir de contrainte, d’imitation et d’imagination
Une force vulnérable, soumise à la pression du chiffre, et dotée d’un triple pouvoir de contrainte, d’imitation et d’imagination s’exerçant aux niveaux subjectif, interpersonnel, institutionnel et environnemental
Conclusion
D’un management l’autre
Souligner le poids de la culture et des humanités dans l’enseignement du management
Reconnaître la double polarité du management, force et vulnérabilité
Mettre en évidence les absurdité de la tyrannie des nombres
Augmenter le degré d’autonomie dans l’agencement des tâches
Management, rôle social et rapport à soi
Bibliographie
Autour de l'auteur
Ghislain Deslandes est professeur à ESCP Europe et directeur de programme au Collège international de philosophie. Son dernier ouvrage, Essai sur les données philosophiques du management (Puf, 2014), a obtenu le prix FNEGE-EFMD du meilleur essai en sciences de gestion 2015.