Résumé
S’approprier son corps, faire sienne sa maladie, garder le lien avec sa vie : c’est tout l’enjeu lorsqu’en raison d’une maladie grave le corps perd de sa familiarité, lorsqu’il se manifeste dans son étrangeté, lorsque les médecins et les soignants finissent par mieux le connaître et le soigner que nous-mêmes ou nos proches. Comment, dans ces conditions, rester soi-même ? Comment regagner sa souveraineté subjective et narcissique ? La réponse à ces questions exige d’étudier les processus psychiques à l’œuvre dans la maladie grave, et en particulier ceux qui relancent la subjectivité.
Ce travail d’appropriation signifie, pour le patient, de subvertir les éprouvés provoqués par la maladie et les traitements, afin de reconstruire un corps sensoriel et libidinal auquel il pourra de nouveau s’identifier. C’est grâce à cette « subversion libidinale » qu’il parviendra à raconter ce corps, cette maladie, ces traitements, de sorte qu’ils prennent un sens dans sa vie et dans son histoire.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre 1. Menaces sur l’identité dans la maladie grave
L’identification narcissique nécessaire dans l’épreuve de la maladie
L’identification narcissique au quotidien
L’identification narcissique dans L’intrus
De l’identification narcissique à l’identification symbolique
Entre les deux, l’identification hystérique primaire
Revisiter l’étayage
La subversion libidinale du corps médicalisé
L’impensé médical au cœur des messages énigmatiques
Un dernier retour à L’Intrus
Chapitre 2. Éléments pour une théorie clinique de la subversion libidinale
Le pictogramme
Du plaisir, à la représentation du déplaisir
Les signifiants formels
Claire Marin, Hors de moi
Le corps découvert, le travail de l’identification hystérique, la subversion libidinale
Éléments d’une géographie de la subversion libidinale
Évolution de l’affect : de la douleur à la colère du moi
Les habitudes opératoires du traitement médical
L’interprétation des messages énigmatiques
Une relation médecin-malade « suffisamment bonne » : la nécessité de l’espace tiers
Un autre « roman du médecin » : Lalla Romano
Chapitre 3. Impasses du travail de la maladie : le paradigme hypocondriaque
Une hypocondrie secondaire
D’une hypocondrie à l’autre
L’impuissance du clinicien
Hypocondrie et hystérie primaire
Des soins hypocondriaques à l’hôpital
L’ultime message énigmatique : le refus de la mort
Hôpital mélancolique, et idéal hypocondriaque
Conclusion
Bibliographie
Autour de l'auteur
Karl-Leo Schwering est docteur en psychologie, psychanalyste et psychothérapeute. Maître de conférences en psychologie clinique et psychopathologie à l’université Paris Diderot et directeur de recherche au CRPMS (Centre de recherche psychanalyse, médecine et société), il est formateur en psychanalyse d’enfants au centre Chapelle-aux-Champs de l’université de Louvain.