
Résumé
Après les succès médiatiques des ouvrages de Vanessa Springora et Camille Kouchner, cet essai revient sur ce que consentir veut dire. Entre vouloir explicitement et refuser catégoriquement, il y a le consentement. Consentir, comme l’analysait le philosophe Paul Ricœur, c’est céder à une nécessité. Dans le contexte actuel, transformer le consentement en l’expression d’une volonté libre et éclairée, c’est créer une fiction dont les usages sociaux peuvent varier, du contrat juridique au combat idéologique et politique : le consentement, d’évidence tacite qu’il était, tend ainsi à devenir une exigence explicite de rapports humains pensés comme transparents.
Dès lors, Michel Messu interroge en socio-anthropologue les usages sociaux dans lesquels entre cette notion. Des observations de Maurice Godelier relatives aux rites d’initiation dans la société des Baruyas jusqu’à celles des historiens des mœurs des xixe et xxe siècles, il constate la fonction discrète du consentement, notamment dans les rapports sexuels. Le rendre manifeste, comme il est exigé aujourd’hui, fait jouer au consentement un tout autre rôle dans l’économie des échanges humains : il devient un enjeu normatif, porté par un néo-féminisme qui s’est écarté du féminisme des droits universels.
Caractéristiques
Sommaire
introduction
chapitre 1. Le Consentement, de Vanessa Springora. Ce qu’une autre lecture aurait pu découvrir
chapitre 2. Jalons théoriques pour une approche du consentir
chapitre 3. Le consentement : une notion juridique aux multiples facettes
chapitre 4. L’enjeu de la réécriture du Code pénal
chapitre 5. Quelques rappels sur l’enfance et son dérivé, l’adolescence, avant de s’autoriser une digression anthropologique sur celle-ci
L’enfance reconceptualisée par Philippe Ariès
Les Baruya de Nouvelle-Guinée
chapitre 6. Sexualité et consentement : à quoi consent-on lors d’une relation sexuelle ?
chapitre 7. Consentir envers et contre tout
chapitre 8. Sexualité et domination
chapitre 9. Vers un consentement aporétique ?
épilogue
Autour de l'auteur
Michel Messu est professeur honoraire de sociologie et membre du Centre PHILéPOL (Philosophie, Épistémologie, Politique) de l’Université de Paris. Il est notamment l’auteur de L’Ère de la victimisation (L’Aube, 2018) et d’Un ethnologue chez le coiffeur (Fayard, 2013).