Résumé
Une thèse provocante : en psychanalyse « on ne se comprend pas ». Nuance indispensable : même si l’on ne se comprend pas, il est essentiel de s’y faire comprendre. De prime abord, cette distinction peut sembler tautologique en français ; elle l’est beaucoup moins dans la langue de Freud qui distingue « verstehen », (se) comprendre, et « verständigen », (se) faire comprendre. Le propos de ce livre est de souligner cette différence et d’en discuter la pertinence.
Au centre de notre questionnement se situe la cure analytique et son dispositif bien particulier, qui peut être qualifié de dissymétrique : deux personnes se trouvent dans une même pièce, à huis clos ; l’une est assise, l’autre allongée ; elles ne se voient pas ; elles échangent des paroles, mais ne se parlent ni ne se comprennent au sens habituel du terme.
Le présupposé selon lequel la compréhension empathique est l’élément le plus important d’une thérapie se généralise de plus en plus. Dans ce cadre, l’approche analytique risque d’être l’objet de malentendus fondamentaux. D’où l’importance de revenir sur le fondement théorique de la dissymétrie du dispositif, d’en expliciter la justification pratique et le bénéfice d’un point de vue clinique, et de le relier à la question de ce que c’est que comprendre dans le contexte de la cure analytique.
Caractéristiques
Sommaire
Présentation, Jacques André
« J’aimerais comprendre », Jacques André
Se faire comprendre et savoir comprendre. Sur la spécificité de la Verständigung en psychanalyse, Alexandrine Schniewind
Comprendre le sens. Est-ce notre métapsychologie ?, Daniel Widlöcher
Qualifier et reconnaître. À propos de l’agir transférentiel, Laurence Kahn
Quand « comprendre » en passe par ne pas comprendre. Le transfert sur l’interlocuteur, François Richard
Je vous ai compris !, Patrick Guyomard
Autour de l'auteur
Jacques André est psychanalyste, membre de l’Association psychanalytique de France (APF), professeur de psychopathologie à l’université Paris-Diderot. Il est notamment l’auteur des 100 mots de la psychanalyse (Que sais-je ? n°3854, PUF, 2009), des Désordres du temps (Petite Bibliothèque de Psychanalyse, PUF, 2010), et de Paroles d’hommes (coll. Connaissance de l’Inconscient, Tracés, Gallimard, 2012).
Alexandrine Schniewind est docteur en philosophie (Université de Fribourg) ainsi que docteur en psychopathologie fondamentale et psychanalyse (Université Paris 7). Elle est actuellement professeur ordinaire de philosophie antique à l'Université de Lausanne (Suisse). Elle est également psychologue clinicienne et psychothérapeute à Paris et est membre rattaché au CEPP (Paris 7).