Résumé
Paru en 1887, Gemeinschaft und Gesellschaft s’est imposé comme l’un des ouvrages majeurs des sciences humaines et apparaît aujourd’hui encore d’une étonnante fécondité pour comprendre la réalité et la complexité de l’époque contemporaine.
À travers sa célèbre distinction entre communauté et société, c’est à une sévère critique de la société moderne que se livre Ferdinand Tönnies (1855-1936), fortement influencé en cela par Marx. Alors que la communauté est caractérisée par la proximité affective et spatiale des individus et se définit donc comme « une communauté de sang, de lieu et d’esprit » où le tout prime sur l’individu, la société, en revanche, est le lieu d’un individualisme débridé et destructeur, d’une concurrence généralisée entre les hommes désormais isolés et séparés les uns des autres, le règne de l’intérêt personnel désormais au fondement de tous les rapports sociaux. Alors que l’homme de la communauté ne choisit pas ses appartenances mais se trouve immergé au sein d’un tout organique qui détermine sa manière de se rapporter aux autres, l’homme de la société choisit arbitrairement ses relations en fonction de l’intérêt, essentiellement pécuniaire, qu’elles représentent pour lui. Alors que dans la communauté, les rapports humains sont fondés sur des rapports authentiques et essentiels, sur des liens affectifs, biologiques et traditionnels qui conditionnent l’ensemble de l’existence, dans la société, « chacun est un marchand » obéissant à son pur et simple égoïsme.
On le voit, c’est une véritable réflexion sur les modalités mêmes de notre « vivre-ensemble » que mène ici Tönnies, nous invitant ainsi à réfléchir à notre tour sur la qualité du lien que nous tissons concrètement aux autres.
Caractéristiques
Sommaire
Présentation
Glossaire
Avant-propos de la première édition (1887)
Avant-propos de la deuxième édition (1912)
LIVRE I. — DÉFINITION GÉNÉRALE DES CONCEPTS PRINCIPAUX
Thème
Rapports entre les volontés humaines, communauté et société dans le langage
Formations organiques et mécaniques
Première partie. Théorie de la communauté
Formes embryonnaires
Leur unité
Plaisir et travail
Supériorité et compensation
Trois formes d’autorité
Communauté de sang, de lieu, d’esprit ; parenté, voisinage, amitié
Fonctions judiciaires, ducales, sacerdotales
L’autorité et le service, l’inégalité et ses limites
Volonté communautaire, entente, droit naturel, langage, langue maternelle, concorde
Structure des unités naturelles
Possession et jouissance, champ et maison
Tendance générale, schéma du développement
La vie domestique, les trois sphères
Économie domestique, foyer et table
Complémentarité de la ville et de la campagne, forme de l’échange
Analogie avec la maison, maison de maître, rapports de propriété
Commune rurale et terrain communal, la commune comme économie domestique, constitution économique communiste
La ville, le métier comme art, art et religion, la ville et le commerce
Deuxième partie. Théorie de la société
Fondement négatif, égalité de valeur, le jugement objectif
La valeur comme qualité objective, quantité de travail nécessaire
La marchandise comme valeur, la valeur comme marchandise, l’argent, la monnaie-papier
Le contrat, la dette et la créance, partage de la propriété
Le crédit, substitut d’argent, argent privé, obligation, paradoxe de la société
L’activité dans la promesse, le droit de l’exiger, association, société, droit naturel, convention
La société civile, « chacun est un marchand », concurrence générale, la société dans son sens moral
Progrès de la société, marché mondial, capital
La position du négociant, nature du crédit et commerce, l’interprétation organique
Contradiction, les maîtres de la société, l’esclavage, les esclaves comme sujets ?
Force de travail, achat et vente
Les autres formes d’activité économique comparées au commerce
Le commerce développé à partir de l’atelier, le machinisme, les phases de l’industrie, l’agriculture en tant qu’industrie
Le commerçant et le maître, la direction comme fonction distincte, l’entrepreneur, le jeu, la production capitaliste, différence par rapport au commerce
Marchandises achevées, marchandises à fabriquer, travailler et faire travailler, quantité
Les profits du commerce, les profits de la fabrication, valeur des forces du travail, valeur du travail
Valeur et prix de la force de travail, achat et utilisation des marchandises
Achat et volonté de vendre, prix de la force du travail
Temps de travail socialement nécessaire, monopoles
Marché de marchandises et marché du travail
Le marché de détail, mouvement opposé, services
Les classes, l’état de dépendance de la construction tout entière
LIVRE II. — VOLONTÉ ESSENTIELLE ET VOLONTÉ ARBITRAIRE
Première partie. Les formes de la volonté humaine
Définition des concepts
Rapports avec la pensée
Rapports avec l’activité
La vie organique, le développement de la volonté essentielle
Volonté végétative et animale, volonté mentale
Plaisir, développement et croissance, les organes des sens
Une autre forme : l’habitude ; expérience et développement, la substance de l’esprit animal et humain
Troisième forme : la mémoire ; apprentissage des enchaînements, parole, imagination, raison
Le sentiment, dispositions et conditions, dispositions et exercice, l’apprentissage, la nature humaine, deuxième et troisième nature, passion, courage, génie, qualités de la volonté
La volonté arbitraire, unité
Formes de la volonté arbitraire
Formes générales
Le but supérieur
Aspiration à la puissance et à l’argent
Désirs, éclaircissement
Jugement, résistance
Tête et cœur
Sentiment de devoir
Deuxième partie. Commentaire de l’opposition entre les deux formes de la volonté
Analogie des formes
Liberté et possibilité
Emploi des moyens
Pouvoir et devoir
Le tout et les parties
Formes de la volonté arbitraire, l’homme isolé
Concepts normaux et divergences
La matière et la substance des sentiments
Vocation et affaires
Le vouloir comme compétence
Pensée organique et mécanique
L’art dans la formation d’outils
L’esprit artistique
Motifs et normes
Troisième partie. Application pratique
Opposition des sexes
Les artistes et les hommes artificiels
Jeunesse et vieillesse
Le peuple et les hommes cultivés
Moralité
Marché et salon
Rapports des formes de la volonté à la communauté et à la société
Le masculin et le féminin
Le travail de l’enfant
Culture et commerce
LIVRE III. — FONDEMENTS SOCIOLOGIQUES DU DROIT NATUREL
Première partie. Définitions et thèses
Le tout et les parties
La personne
L’assemblée
Famille et obligation
Les sphères
Corps et vie
Statut et contrat
Autorité et propriété
Rétribution et échange
Service et contrat
Redevance et rétribution
Vie et droit
Association et alliance
Les associations dans la société
Deuxième partie. Le naturel dans le droit
Protoplasme du droit
La raison naturelle
Les conclusions
Le mariage
L'ordre de la société
Analogie avec les Temps modernes
Troisième partie. Formes des associations de la volonté. La collectivité et l’État
Relations
Coutume et patrie
Le droit coutumier
La collectivité
L’idée du corps social
La caste des guerriers, la noblesse
Le peuple et la commune
La coopérative et l’association
Caractère de l’État
L’être religieux
L’opinion publique
APPENDICE. — RESULTAT ET PERSPECTIVE
Ordre, droit, morale
Dissolution
Le peuple et l’État
Les formes de vie commune réelle
L’image opposée de la communauté
L’État réel
Les époques
Périodes distinctes dans ces époques
Du communisme et du socialisme
Autour de l'auteur
En dépit de son importance, cet ouvrage n’était plus disponible en langue française depuis plus de trente ans. Sylvie Mesure, directrice de recherche au CNRS, et Niall Bond, maître de conférences à Lyon II, en livrent ici une nouvelle traduction accompagnée d’un appareil critique (glossaire, notes, index) qui en rendent ainsi la lecture à la fois plus aisée et plus informée.