Résumé
La Renaissance est le temps des rencontres shakespeariennes. Personne n’a oublié l’entrevue de Montereau où le duc de Bourgogne fut assassiné (1419) ni celle de Péronne où le roi de France fut capturé (1468) : le terme « rencontre » a alors une signification militaire qui baigne dans l’incertain. Les princes hésitent à se voir et plus encore à se recevoir. Le manque de confiance pèse bien plus que les embarras linguistiques, religieux et culturels dans l’organisation de tels sommets.
Et pourtant, malgré l’essor du gouvernement par lettres et des ambas-sades en résidence permanente, les princes n’ont jamais renoncé à se fréquenter à l’âge moderne : l’empereur Joseph II n’hésite pas à se rendre en petit équipage en Crimée en 1787 pour visiter la tsarine Catherine II. Par quels moyens cette défiance a-t-elle été surmontée ? C’est interroger l’hospitalité et le cérémonial dans la construction d’une société de confiance.
Fondée sur une enquête qui a mis au jour 3 344 entrevues entre princes régnants, leurs enfants et leurs épouses, cette promenade inédite dans l’histoire du continent montre comment les puissants rivalisent de magnificence, exhibent leur force et assouvissent un besoin aigu de reconnaissance. Mais cette cosmopolitesse engendre-t-elle une cosmopolitique, à l’heure où les sentiments nationaux se renforcent ?
Caractéristiques
Autour de l'auteur
Jean-Marie Le Gall, professeur d’histoire moderne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est spécialiste de la Renaissance sous ses aspects religieux, intellectuels et politiques. Il a publié sur les humanistes, les moines, le mythe de saint Denis, les guerres d’Italie et les barbes. Son dernier livre est paru aux Puf en 2018, sous le titre Défense et illustration de la Renaissance.
Claude Michaud est professeur honoraire d’histoire moderne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est spécialiste des finances du clergé, du jansénisme et de la monarchie des Habsbourg, sur laquelle il a publié une biographie de l’empereur Ferdinand Ier, frère et successeur de Charles Quint. Son dernier ouvrage, paru en 2020 aux Éditions de la Sorbonne, s’intitule Un jansénisme provincial. L'exemple d’Orléans.