Résumé
Bien que sa publication ait été entamée à la fin des années 1930, l’œuvre de Norbert Elias n’a commencé d’être véritablement connue et diffusée que dans les années 1970. Deux générations se sont donc écoulées au cours desquelles son influence s’est exercée non seulement dans sa discipline initiale, la sociologie, mais aussi dans une pluralité de disciplines des sciences humaines et sociales concernées par ses différentes thématiques : l’histoire (Les Allemands), et notamment l’histoire culturelle (La Civilisation des mœurs, La Dynamique de l’Occident, La Société de cour, Sport et civilisation), l’histoire de l’art (Mozart. Sociologie d’un génie), la science politique (Logiques de l’exclusion), l’anthropologie et l’ethnologie (Ecrits sur l’art africain), la psychanalyse (La Solitude des mourants), le droit, la philosophie (Du temps), l’épistémologie (Engagement et distanciation, Qu’est-ce que la sociologie ?, La Société des individus).
L’exceptionnelle pluridisciplinarité de cette œuvre tient tant au caractère transversal de la plupart de ses objets qu’à la force heuristique de ses concepts : « configuration », « habitus », « homo clausus », « intériorisation des contraintes », « quête de l’excitation » se sont peu à peu imposés dans les boîtes à outils de nombreux chercheurs, notamment en Europe.
Pensé comme un bilan de deux générations d’influence sur les sciences humaines et sociales contemporaines, ce dossier rassemble des contributions de chercheurs de différents horizons qui, tous, ont pris la mesure de l’importance de cette œuvre pour leur discipline, et se proposent d’en rendre compte.
Caractéristiques
Sommaire
DOSSIER
Éditorial par Yves Charles Zarka, Norbert Elias et la philosophie
I – DOSSIER : NORBERT ELIAS, UN PENSEUR À REDÉCOUVRIR
Nathalie Heinich, Présentation
Dominique Memmi, Pas touche ! Trois modalités actuelles du procès de civilisation
Hervé Mazurel, Avec et contre Freud. Norbert Elias et la psychologie sociale historique
Quentin Deluermoz, Norbert Elias et l’histoire européenne du XIXe siècle : quelques perspectives (2000-2021)
Florence Delmotte, Norbert Elias et la science politique : un mariage un peu contre-nature mais heureux
Claire Pagès, Le philosophe sous ses espèces ordinaires
Jean-Louis Halpérin, Connecter les juristes à l’oeuvre de Norbert Elias
Lyvann Vaté, Norbert Elias et la notion de « marxisme bourgeois »
II – VIE POLITIQUE : PENSER LA DÉFENSE À L’ÂGE DU CYBERESPACE
Virginie Tournay, Présentation
Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, « La violence clandestine et dispersée » : penser la dilution de la guerre
Cyrille Bret, Le terrorisme, l’anti-terrorisme et la déspécification de la guerre
Céline Marangé, La révolution numérique et les transformations de la guerre
Florent Parmentier, Une voie européenne dans le cyberespace
Virginie Tournay, Laurent Genefort, La figure de l’ennemi dans le cyberpunk
III – VIE INTELLECTUELLE
François Rastier, Le post-féminisme et le retour du mythe archaïque de la Grande Déesse
IV – VARIA
Liang Pang, La souveraineté est-elle nécessairement le droit de vie et de mort ?