Résumé
Prenant appui sur des sources jusque là inédites, cet essai d'histoire intellectuelle, à mi-chemin entre l'enquête policière et le roman d'une "possession" politique au XXe siècle, reconstitue pour la première fois l'engagement fasciste de Bucarest à Paris, en passant par Vichy et le Portugal de Salazar, de deux des plus grands intellectuels roumains de notre temps, Emil Cioran et Mircea Eliade. Il montre ensuite comment ces deux écrivains ont cherché après la Deuxième Guerre mondiale à dissimuler cet engagement profond et durable et éclaire l'itinéraire étonnant d'un spectateur consterné de cette dérive : leur ami Eugène Ionesco.
A. Laignel-Lavastine a travaillé sur des archives inexploitées et inédites en français. Elle analyse le succès des multiples stratégies sociales et littéraires mises en oeuvre pour dissimuler un passé devenu encombrant. La lecture et la compréhension de leurs écrits de maturité en deviennent différentes. Une enquête passionnante !
Caractéristiques
Sommaire
L'anticonformisme des années 20, maissance de la jeune génération -- La Garde de fer et l'antisémitisme, anatomie d'un engagement -- De Vichy au Portugal de Salazar, le mystère des années de guerre -- L'exil, la renommée et les stratégies de camouflage -- L'ontologie fascisante de Mircea Eliade, la cohérence d'un parcours -- Cioran ou l'effacement des traces -- De la dénonciation au silence, l'énigme Ionesco -- Les héritiers
Autour de l'auteur
Alexandra LAIGNEL-LAVASTINE est docteur en philosophie, spécialiste de l'Europe de l'Est, en particulier de la Roumanie contemporaine. Elle est l'auteur d'une thèse sur le philosophe roumain Constantin Noica, ami et compagnon de génération d'Eliade, Cioran et Ionesco. Elle a publié "Ian Patocka, l'esprit de la dissidence" (Ed;. Michalon, 1998). Elle collabore au "Monde des Livres" et a été chargée de conférences à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, elle vient d'animer un séminaire sur les usages du passé et la réécriture de l'histoire dans l'Europe post-communiste