Résumé
« Ce n’est pas parce qu’on nettoie la merde des autres qu’on n’existe pas ! » Pour Ana, immigrée et salariée du secteur de la propreté, la question qui se pose est avant tout celle de la reconnaissance de ce « sale boulot ». Temps partiel imposé, rythmes de travail effrénés, horaires éclatés, non-respect du droit du travail, tels sont les facteurs qui marquent l’expérience des salariés sous-traités de la propreté. Dans ce contexte, malgré l’absence de véritables campagnes de syndicalisation, c’est l’action quotidienne de syndicalistes de terrain qui permet aux syndicats de maintenir un lien avec ce monde du travail profondément précarisé.
Fondé sur une enquête comparative et ethnographique, cet ouvrage nous immerge dans le travail quotidien des syndicalistes du secteur de la propreté à Marseille et à Bologne. Ici, face à des travailleurs invisibilisés du fait de leur appartenance de classe, de sexe et de race, les syndicats tendent à reproduire des pratiques syndicales forgées à l’époque de la « société salariale ». Pourtant, cette étude montre l’importance de la prise en compte du potentiel émancipateur contenu dans les expériences de vie et de travail des salariés du bas de l’échelle pour l’élaboration de nouvelles stratégies syndicales.
Caractéristiques
Sommaire
Préface de Sophie Béroud
Introduction
Le syndicat vu depuis le bas de l’échelle
L’observation des pratiques syndicales
Le syndicalisme à l’épreuve des rapports sociaux de sexe, de race et de classe
Ethnographie comparée des pratiques syndicales
Structure de l’ouvrage
Chapitre 1 – Les défis posés au syndicat dans un secteur externalisé
Du nettoyage industriel à la propreté : le passage crucial vers les services
Les syndicats sont-ils en mesure de relever le défi ?
Chapitre 2 – Trajectoires, discours et stratégies des leaders syndicaux
Les trajectoires de Saïd et de Fabio
L’entrée dans le syndicat
Ce qu’être syndicaliste veut dire
Le discours sur les travailleurs immigrés ou issus de l’immigration
Pratiques et stratégies syndicales
Chapitre 3 – Le suivi individuel : une pratique aux facettes multiples
Les permanences à la CGT : « une anarchie (plus ou moins) organisée »
Les permanences à la CGIL : rédiger une réponse « acceptable »
S’adresser à la CGT Nettoyage pour des questions variées
S’adresser à la Filcams-CGIL pour répondre aux reproches de l’employeur
Les délégués qui animent les permanences à la CGT Nettoyage
Des professionnels du syndicalisme à la Filcams-CGIL
Conclusion
Chapitre 4 – Se mobiliser dans la propreté : entre menace et médiatisation du conflit
La CGT Nettoyage 13 et la menace de conflit
La grève comme pratique non partagée au sein de la Filcams-CGIL
Conclusion
Chapitre 5 – L’assemblée comme pratique de résistance
L’assemblée à la CGT Nettoyage 13 – un espace pour la socialisation militante et professionnelle des délégués
L’activité de « cadrage » lors des assemblées menées par Fabio
Conclusion
Conclusion – Remettre les marges au centre
L’apport d’une approche par les pratiques
Les ressorts de la comparaison internationale
Les enjeux épistémologiques
Autour de l'auteur
Cristina Nizzoli, née en Italie, a soutenu sa thèse en sociologie au Laboratoire d’économie et sociologie du travail (LEST) d’Aix-en-Provence. Lauréate du DIM Gestes en 2015, elle est aujourd’hui post-doctorante au Centre Maurice Halbwachs.