
Résumé
Les possibilités vertigineuses offertes par la découverte de l’ADN, en 1953, ont créé une problématique unique dans l’histoire humaine : le vivant que nous connaissons est devenu une infime partie de ce qui est concevable. Les progrès de la génétique, la révolution de la biologie de synthèse donnent lieu depuis lors à une intense activité expérimentale et une majorité d’articles scientifiques appuient les bienfaits des tentatives combinatoires nouvelles, sans guère se soucier des perturbations faites à la nature. Bien des scientifiques ont en effet une vision providentielle du progrès technique, mais si la biologie est pertinente pour prendre soin du vivant existant, le blanc-seing que les chercheurs se donnent pour l’inventer est infondé. Car la biologie du génome ne pourra jamais accéder à ce que la nature sait par sa longue expérience. Nicolas Bouleau propose une nouvelle définition de la nature, met en évidence la nécessité de faire émerger la dimension morale de nos sociétés et d’envisager les risques et les souffrances pouvant résulter des manipulations de hasards combinatoires. Il apporte là une contribution marquante à la pensée écologique.
Caractéristiques
Sommaire
Avant-propos ..................................................................... 7
Introduction ..................................................................... 15
Chapitre I – Quelle parole scientifique ? ............................... 27
Un monde très incertain .................................................... 31
Quels changements de rationalité cela impose-t-il ? .......... 34
Comment atteindre la décision collective ? ....................... 37
Une gouvernance économique peut-elle suffire ? ............... 41
Comment les scientifiques prudents peuvent-ils se faire entendre ? ........................................ 49
Nécessité d’une société apaisée ......................................... 55
Chapitre II – Prétendre, essayer, entendre. La science des lois, la science des combinaisons, la science de l’éventuel ............. 63
La science en principe imprédictible est pourtant orientée ..... 66 Vers une science moins masculine ..................................... 70
Trois façons de faire science ............................................. 74
L’heuristique de l’avantage et l’heuristique de la prudence .... 80
Une histoire de l’émergence d’une inquiétude et de son travail scientifique .......................................... 88
Chapitre III – Les liaisons dangereuses : le risque combinatoire .......................................................... 95
Quel est l’enjeu ? .............................................................. 99
C’est avec l’histoire des mathématiques qu’on fait des mathématiques ........................................ 106
Darwin, un style de connaissance ..................................... 118
L’éthologie, tirée par une question inépuisable ................. 132
La dynamique des populations ......................................... 138
L’écologie réductionniste : le Rn-isme ............................... 141
Faillite d’une certaine philosophie de la vérité ................... 147
Biologie de synthèse : spécificités du risque combinatoire ...... 150
L’indécidabilité en biologie ............................................... 155
Un immense courant de recherches réductionnistes ........... 157
a) Les ordres de grandeur .............................................. 158
b) Il s’agit d’un risque non probabilisable ..................... 160
Combinatoire et sémantique ............................................. 164
Importance du temps long ................................................ 168
La "société ouverte" et l’éthique scientifique .................... 182
La nature et l’évolution ..................................................... 189
Chapitre IV – Un savoir inaccessible .................................... 205
Les adoxatoi ..................................................................... 208
L’apologue de la caverne .................................................. 213
Platon analysé et décrié ..................................................... 218
L’allégorie avec un arrière-plan inaccessible ...................... 224
Actualité de l’image de la caverne : êtres vivants et évolution .................................................... 226
Chapitre V – Précaution ou providence ? ............................. 233
La foi et l’œuvre chez Luther ............................................ 239
La providence calviniste et l’interprétation wébérienne du capitalisme ............................................................... 240
Providence infinie et providence finie ................................ 242
La providence invoquée entre les lignes ............................ 244
Une providence particulière pour le cours des événements lui-même ......................... 245
Le Paradis mathématique et ses extensions ....................... 251
Proudhon plus clairvoyant que Marx ............................... 258
L’humanité-providence ..................................................... 262
Le scientisme paradoxal de Freud ..................................... 264
La science-providence ....................................................... 268
Bornes de la vision providentielle de la science ................. 276
Les façons d’aborder l’inconnu et l’ignoré ........................ 280
Dimension providentielle du marché ................................. 285
L’avantage du marché est principalement lorsqu’on l’installe ou qu’on l’agrandit .......................... 287
L’élargissement du marché aux choses incertaines ............ 289
L’élargissement du marché à la nature .............................. 29
5 Qui répare les dégâts ? ...................................................... 296
Essais-erreurs .................................................................... 300
Une lecture du totémisme ................................................. 301
Ce que la nature a toujours fait ? ...................................... 305
Entre naturel et artificiel ................................................... 315
Les sensibilités classiques à la nature ................................ 318
Nouvelles raisons de l’attachement à la nature ................. 321
Chapitre VI – Un fondement solide pour l’écologie .............. 331
Visions de l’évolution après Darwin ................................. 333
L’homme et le langage ...................................................... 340
La transmission du savoir écologique ............................... 343
La phylogénie moléculaire ................................................ 345
Deux limitations à notre appréhension de l’évolution ....... 348
La biosphère ..................................................................... 353
Un réductionniste performatif ........................................... 355
Gaïa, déesse de la modélisation ......................................... 369
Une vision systémique relevant de l’automatique la plus classique ............................................................ 370
Contre-productivité de la forme allégorique ..................... 375
La Nature avant et après la révolution génomique ............ 377
Une lecture cognitive du couple natura naturans, natura naturata ............................................................. 380
La Nature en tant que savante .......................................... 383
Limites et dangers de la biologie de synthèse .................... 389
L’avenir de la science ........................................................ 395
L’écologie profonde .......................................................... 399
Quel est cet « effet de savoir » de la Nature ? Thèses conclusives ......................................................... 403
Chapitre VII – Distances ...................................................... 425
« Le comble de la niaiserie » ? .......................................... 427
Ironiser sur le principe de précaution ................................ 429
L’historicité des « états de nature » résout-elle la question naturelle ? .................................. 433
Quel rapport à la nature ? ................................................ 439
Gaïa postmoderne ? .......................................................... 443
Le sujet supposé savoir ..................................................... 447
Un vague respect à des êtres vivants indéfinis ................... 449
Un argument d’autorité abusif .......................................... 452
Chapitre VIII – Le respect cognitif ........................................ 465
Synthèse de notre parcours ............................................... 465
Sur l’anthropomorphisme et autres approches de la nature .................................... 475
La quatrième blessure ....................................................... 482
Postface ............................................................................. 491
Références ......................................................................... 503
Index ................................................................................... 523
Sigles et glossaire ............................................................ 531
Autour de l'auteur
Mathématicien dans le domaine de l’analyse et des probabilités, Nicolas Bouleau est connu pour ses travaux en dimension infinie et sa théorie des erreurs dans les modèles complexes. Il a enseigné la philosophie des sciences à l’université Paris-Est comme à Sciences Po et a reçu le prix Montyon de l’Académie des sciences. Il est l’auteur, récemment, de Théorie des erreurs (Cassini, 2019), et Le Mensonge de la finance. Les mathématiques, le signal-prix et la planète (Éditions de l’Atelier, 2018).